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Foutez la paix à DSK !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h25 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h25 sur RMC. - -

On pensait le feuilleton DSK terminé mais voilà qu'il redémarre : beaucoup de critiques ont été émises sur la médiatisation de son retour et aussi beaucoup d'interrogations sur ce qu'il va dire et faire désormais.

Quoi qu’on pense de DSK, de ce qui lui est arrivé et de la part de responsabilité qu’il a dans ses propres malheurs, il me semble qu’on pourrait au moins respecter ce qui relève désormais de sa vie privée et de celle de sa famille. Il n’est candidat à rien. Il a été soupçonné d’un crime aux Etats-Unis mais il ne l’est plus. Il est poursuivi au civil par la femme de chambre du Sofitel, dont le moins qu’on puisse dire est que sa crédibilité est mise en doute. Et en France, une plainte a été déposée par Tristane Banon dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle a peu de chance de prospérer – et en tout cas pour l’instant, DSK n’est pas poursuivi. Donc, que ça plaise ou non, il n’a aucune obligation ni politique ni morale de prendre la parole, a fortiori tout de suite. C’est à lui de décider.

Mais vous comprenez quand-même qu'on ait envie d'entendre ses explications !

C’est un désir, une impatience légitime. Mais rien ne justifie le spectacle malséant qui nous a été infligé ce week-end – à lui comme à nous – avec une couverture médiatique de son retour digne de l’arrivée du pape ! Le pire, c’est que certains médias lui reprochent d’avoir « mis en scène » son arrivée. Le Figaro, par exemple, qui lui a consacré une page par jour tout l’été ! On voit bien que l’hystérie le dispute à la mauvaise foi. Maintenant sur le fond, DSK a le choix. Il peut rester muet. Ce n’est que s’il espère retrouver un jour un rôle public qu’il a l’obligation de prendre la parole. De s’expliquer. Peut-être même de s’excuser. En tout cas de trouver une façon de dire aux Français – et aux socialistes – qu’il regrette le tort qu’il leur a causés.

Donc, ce n'est pas impossible qu'il puisse un jour retrouver des fonctions officielles ?

Je continue de penser qu’il lui sera difficile – à supposer qu’il en ait envie – de se présenter à des élections ; en tout cas avant un certain temps. Mais je ne vois pas au nom de quoi, par une sorte de condamnation non-dite et arbitraire, il devrait être banni de toute carrière publique. Son autorité personnelle est affectée, mais ses compétences ne se sont pas évanouies dans son aventure américaine. Et il serait paradoxal qu’en France, on puisse être ministre alors qu’on a été condamné par la justice – c’est le cas d’Alain Juppé, qui a même été ovationné ce week-end par les militants de l’UMP – mais qu’on ne puisse postuler à aucune fonction quand on a bénéficié d’un non-lieu !

On a l'impression que les socialistes ne l'attendent pas à bras ouverts. Peut-il jouer un rôle dans la primaire ?

En vérité, ils ont certainement peur de ce qu’il pourrait dire – et ils lui en veulent d’autant plus. Voilà un an qu’ils en sont réduits à attendre sa parole puisque qu’avant son arrestation, ils étaient déjà suspendus à sa déclaration de candidature. Maintenant, s’il parle, comme il est finalement plus libre qu’il n’a jamais été, ils redoutent qu’il se montre aussi critique, aussi féroce, sur le projet du PS et les candidats aux primaires que sur la politique de Nicolas Sarkozy – ce qui n’est sûrement pas impossible… C’est comme cela qu’il faut comprendre le message des socialistes à DSK, résumé par Benoît Hamon : « Sa parole est utile, pas indispensable. » Traduction : qu’il sorte du silence, oui ; mais qu’il rentre dans le rang. On sera vite fixé.

Ecoutez ci-dessous le "Parti pris" de ce mardi 6 septembre 2011 avec Hervé Gattégno et Jean-Jacques Bourdin :

Hervé Gattegno