Foutons la paix à DSK

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C’est à la fois la raison et l’humanité qui le commandent. « Laissons-le souffler », a dit hier soir Martine Aubry. Elle a raison. Avant de chercher à savoir si celui qu’on présentait comme un violeur peut être candidat à la présidentielle, il faut que les accusations contre lui soient entièrement balayées. Pour l’instant, il est clair que la crédibilité de son accusatrice est passée de 10 à 1, mais les poursuites ne sont pas éteintes et il risque encore la prison. Donc pour DSK, pour les socialistes et pour nous tous, avant de penser à la galère des primaires, il vaut mieux s’assurer qu’il ne risque plus le bagne – du moins le pénitencier.
Si DSK est innocenté, est-ce qu’il peut avoir envie d’être candidat ?
Ce qui est extraordinaire, c’est que c’est la même question qui taraudait le monde politico-médiatique avant l’affaire. Et il a fallu son arrestation et le choc qui a suivi pour que tout le monde se rende à l’évidence. Oui, DSK voulait se présenter. Il allait l’annoncer – son dispositif était presque prêt – et il allait se retrouver en position de favori. Après les 6 semaines d’horreur qu’il a vécues, lui seul sait si cette envie lui est restée. L’humiliation qu’il a subie peut lui donner un désir de revanche. Elle peut aussi avoir relativisé ses ambitions, l’inciter à se mettre à l’abri de la politique, qui est un univers violent. D’autant que sa réputation a été énormément salie ; et que les insinuations et la calomnie, ça ne s’efface pas sur décision du procureur.
Ce retournement de situation est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le PS ?
Les candidats à la primaire ont tous une raison de préférer que DSK ne soit pas là. François Hollande est devenu favori. Martine Aubry n’est plus liée par le « pacte » qu’elle avait avec lui. Ségolène Royal s’est remise à y croire. L’hypothèse de son come-back a de quoi les inquiéter. Elle va en tout cas semer de la confusion – c’est déjà le cas. Même si les sondages sont bons pour les socialistes, qui restent en position de force face à Nicolas Sarkozy, on sentait un désenchantement. Et la campagne qui commençait, avec la probabilité d’un match Hollande-Aubry, manquait singulièrement de relief. Le retour de DSK, s’il se produit, ne suffira peut-être pas à créer de la magie ; mais il peut remettre de l’électricité dans l’air !
Comment voyez-vous la suite du feuilleton ?
Une audience est fixée au 18. Au train où vont les choses, le procureur ne devrait pas attendre jusque là pour abandonner les charges puisque son témoin essentiel est discrédité. Ensuite, repos et reconstruction. Il faut savoir que pendant toute cette période, DSK n’a pas lu la presse, il s’est protégé du monde extérieur. Avant de redevenir – éventuellement – un homme public, il aura besoin d’un sas de décompression. Le paradoxe, c’est que ce qui lui est arrivé va le rendre vraiment libre de décider de son avenir – sans penser à son devoir, ni au PS, ni même peut-être à la situation de la France. Et s’il décide de se (re)lancer, il me semble qu’il a un thème de campagne tout trouvé: la lutte contre les injustices.
Ecoutez « le parti pris » de ce Lundi 4 juillet 2011 avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin sur RMC :