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Gouvernement Barnier: "Le pouvoir est à l'Assemblée, les présidentiables potentiels y restent"

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Comment expliquer l'absence de "poids lourds" dans le gouvernement de Michel Barnier ? "Le pouvoir est essentiellement à l'Assemblée, les présidentiables potentiels y restent", analyse ce dimanche sur RMC le politologue Benjamin Morel.

39 ministres, 19 ministres de plein exercice, 15 ministres délégués et 5 secrétaires d’Etat, dont la plupart sont issus du camp présidentiel ou de LR. Mais aucun poids lourds, excepté peut-être le sénateur vendéen Bruno Retailleau. "Ce n'est pas un présidentiable," balaie ce dimanche sur RMC le politologue Benjamin Morel.

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Le maître de conférences à l'université Panthéon-Assas l'assure: "Le pouvoir est essentiellement à l'Assemblée nationale. Les présidentiables potentiels y restent". Parmi eux, il nomme cinq personnalités, à savoir: Laurent Wauquiez (qui a refusé Bercy NDRL), François Bayrou, Gabriel Attal, Marine Le Pen et Édouard Philippe. "Ils incarnent les groupes qui tiennent ce gouvernement", relève-t-il.

Les présidentiables n'ont "pas d'intérêt", pour l'instant, "à appuyer sur le bouton nucléaire", analyse Benjamin Morel

Censure évitable ?

Ce gouvernement pourra-t-il de fait échapper à la censure, d'ici le discours de politique générale - prévu le 1er octobre - puis au moment du vote crucial du budget 2025 ? "Il y échappera probablement" car les "présidentiables ont un intérêt commun, pour l'instant, à laisser survivre le gouvernement Barnier et passer le budget". Sauf "qu'à terme", du fait de leurs ambitions élyséennes, "leurs intérêts finiront par diverger et là, cela deviendra beaucoup plus compliqué pour le gouvernement Barnier", assure Benjamin Morel.

Sur RMC ce dimanche matin, le porte-parole du RN Laurent Jacobelli a ainsi mis en garde le nouveau gouvernement: "Si le discours de politique générale ne va pas dans notre sens, nous le censurerons".

Autre argument en faveur de l'absences de "poids lourds", cela veut dire des ministres "pas irritants", selon le politologue. "Si vous ne représentez pas une concurrence, ils n'ont pas envie de vous faire tomber. Cela peut conduire le gouvernement à durer plus longtemps", commente-t-il.

"Le gouvernement aura du mal à réformer"

Un écueil cependant, du fait de la composition de ce gouvernement: "Il aura du mal à réformer". "Les groupes ne sont pas d'accord sur tout", selon Benjamin Morel, qui rappelle de nouveau le futur pouvoir accru de l'Assemblée: "Antoine Armand (ministre de l'Economie), quand il devra faire face à Eric Coquerel (président de la commission des Finances) et Charles de Courson (rapporteur de la commission), le poids politique risque de ne pas être le même et cela va être un gros fracteur de fragilité".

"Un gouvernement qui peut être pérenne mais clairement en situation de faiblesse", juge ainsi Benjamin Morel.

A l'issue de cette séquence politique, qui sort gagnant? "LR a un peu réalisé le casse du siècle en s'imposant au sein de ce dispositif gouvernemental", selon l'universitaire, avant de nuacer: "À terme, je dirais que celle qui a le plus d'intérêt à ce que le gouvernement tienne, paradoxalement, c'est Marine Le Pen."

"Elle peut envoyer un message à l'électorat de gauche en disant: 'Si le gouvernement centriste tient, c'est grâce à moi'. La prochaine fois que vous voterez pour le Front républicain, in fine, ils s'appuient sur moi'", analyse Benjamin Morel.

L'invité du jour : Benjamin Morel - 22/09
L'invité du jour : Benjamin Morel - 22/09
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"Une situation qui arrange Marine Le Pen"

"Si le budget passe, c'est grâce à elle", continue-t-il. "C'est la stratégie de la cravate multipliée par 10, afin de briser le Front républicain et d'attirer l'électorat du centre droit."

Selon lui, "Marine Le Pen ne fait pas tomber le gouvernemetn car elle pense que ce sera un bon gouvernement mais car statistiquement, c'est une situation qui l'arrange", conclut Benjamin Morel.

Hier soir, Jordan Bardella se voulait cependant moins conciliant que le discours affiché ces dernières semaines, lorsqu'il parlait du "bénéfice du doute" accordé à Michel Barnier. Le président du RN, sur X, a notamment prédit "aucun avenir" au gouvernement du Premier ministre.

Léo Manson