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Hollande horripile les partisans de DSK

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi.

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -

La percée de François Hollande inquièterait-elle Dominique Strauss-Kahn ? Les partisans de DSK durcissent le ton contre le député de Corrèze, qu’ils accusent de violer le calendrier des primaires et d’attiser les divisions au sein du PS. Les strauss-kahniens n’ont pas peur qu’Hollande gagne mais plutôt qu’il les fasse perdre.

On sent bien que les partisans de DSK sont à bout de nerfs. Parce qu’eux-mêmes ont beau dire qu’il ne faut pas se presser, ils rêvent d’entrer enfin en campagne. Mais il y a encore de longues semaines à attendre. Du coup, la petite bonhommie calculatrice de François Hollande les exaspère. Alors ils ont raison de dénoncer le fait qu’Hollande est déjà en campagne, qu’il va même tenir un meeting ce soir, alors que la primaire n’a théoriquement pas commencé. Mais après tout, Arnaud Montebourg aussi est en campagne et ça ne les fait pas protester… Ce qu’ils reprochent à Hollande, c’est deux choses : son succès médiatique (ils avaient parié sur un flop même s’il reste loin de DSK dans les sondages) et son choix tactique de se poser en « candidat normal », provincial et proche du peuple – sous-entendu, tout ce que DSK ne serait pas. Et sur le fond, ils disent de plus en plus fort que le style pépère et sûr de lui d’un homme qui n’a aucune expérience du pouvoir pourrait s’avérer démobilisateur pour l’électorat de gauche. DSK, lui, préfèrerait un ton churchillien à ce style trop corrézien…

Est-ce que François Hollande n’a pas tout simplement parié que DSK ne serait pas candidat ?

Bien sûr que oui. Mais il s’est trompé et je crois qu’il l’a compris. Au passage, c’est bien ce que confirme la double sortie ces jours-ci de Jean-Christophe Cambadélis et de Jean-Marie Le Guen, deux des plus proches lieutenants de DSK, pour critiquer l’activisme de François Hollande : s’ils froncent les sourcils, c’est bien parce que DSK est candidat et que pour préparer l’atterrissage, ses partisans veulent écarter les obstacles qui pourraient encombrer la piste. S’ils ne le font pas sur son ordre exprès, ils le font en tout cas sous ses yeux. DSK est à Paris depuis hier et jusqu’à la fin de la semaine et pas en qualité de directeur du FMI. Son agenda est tenu secret mais on sait qu’il y a inscrit plusieurs rendez-vous politiques. A priori, François Hollande n’y figure pas.

Est-ce que c’est vraiment la guerre entre les deux hommes ? Quelle que soit l’issue des primaires, il faudra bien qu’ils se retrouvent à un moment…

Rien ne dit qu’ils y arriveront. Au-delà de la rivalité politique, il y a une dimension personnelle dans leur conflit. DSK et Hollande ne s’aiment pas beaucoup. Et la dégradation actuelle de leurs relations ne va rien arranger. Le message que les partisans de DSK envoient aux « hollandais », c’est pratiquement un ultimatum : les candidatures aux primaires s’ouvrent le 28 juin. Si passé cette date, Hollande est encore candidat, il sera traité en adversaire, pour ne pas dire en ennemi. C’est-à-dire qu’ils ne négocieront rien avec lui. Ils rappellent même qu’en 1981, après l’élection de Mitterrand, Rocard lui-même n’avait eu droit qu’à un strapontin humiliant : le petit ministère du Plan.

Les partisans de DSK ne vendent-ils pas la peau de l’ours un peu tôt ?

Si. Et autant on peut comprendre leur agacement à voir Hollande jouer sa petite musique avec un certain succès (au moins dans les médias), autant ils ont tort de faire comme si les sondages assuraient déjà la victoire. Disons que c’est au moins un succès à mettre au crédit de Hollande : il a réussi à faire sortir les partisans de DSK de leurs gonds. Il s’est montré plus florentin qu’eux. Ça ne peut quand-même pas le mener très loin parce que s’il y a un point qui réunit DSK, Aubry, Royal, Fabius et Montebourg, c’est leur solidarité contre sa candidature. Hollande est un candidat rassembleur, mais il rassemble… contre lui !

Ecoutez «le parti pris» du mercredi 27 avril avec Hervé Gattegno et Christophe Jakubyszyn sur RMC:

Hervé Gattegno