Homophobie dans le foot: "La ministre n'a pas pris la mesure de la résistance des clubs"

Julien Pontes, ancien porte-parole du Collectif Rouge Direct et lanceur d'alerte contre l'homophobie dans le sport et ancien président du Paris Foot Gay, a indiqué à l'AFP "être estomaqué par le manque de soutien" après les menaces de mort que lui et d'autres militants ont reçu.
La dénonciation d'un manque de soutien par la ministre des Sports
"Nous stoppons nos activités qui ne nous rapportent que des dangers", a-t-il regretté.
Pour l'ancien porte-parole du collectif, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra aura été "incapable d’exprimer publiquement et spontanément un message clair et franc de soutien à des militants des droits humains noyés sous un flot d’injures homophobes, menacés de mort".
"Nous n'insisterons pas sur l'inaction totale et coupable de la FFF et de la LFP. Leur responsabilité impardonnable dans la banalisation de l'homophobie dans le football est maintenant notoire", accuse le collectif.
"La ministre des Sports n'a pas pris la mesure de la résistance des clubs", explique Julien Pontes, ancien porte-parole du collectif "Rouge Direct", invité de la matinale RMC.
L'écart inacceptable entre ses paroles sur la 'tolérance zéro' contre l'homophobie, et ses actes anecdotiques contre ce fléau qui tue, aura juste mis en évidence la démission de l'État dans ses obligations de protection de la minorité LGBT", estime "Rouge direct" dans un communiqué.
"Le foot devrait être une belle fête, je suis de la génération Platini, mon idole... La victoire de 1998 (de la France en Coupe du monde) était un espoir d'unité nationale qui parle aussi à un gay discriminé, mais cette promesse n'a pas été tenue", a ajouté Julien Pontes.
Les associations partenaires et les dirigeants se sont réunis jeudi après-midi pour faire le bilan des actions menées contre l’homophobie et évoquer l'avenir du maillot arc-en-ciel. Deux badges vont êtres créés à la place. Certaines associations ont salué l’initiative.
D’autres, comme le collectif Panamboyz and girlz, auraient voulu maintenir le maillot dont les numéros sont dessinés aux couleurs arc-en-ciel, estimant que le symbole est unique et irremplaçable. Aucun vote n’a eu lieu lors de cette réunion.
L'homophobie répandue en France
Au total, 77 % des citoyens perçoivent les milieux sportifs professionnels et amateurs comme homophobes. Un chiffre qui correspond aux 75 % de Français qui jugent que l’homophobie est répandue en France.
Une majorité relative de Français estiment que ce sont les sports d’équipes ceux où l’homophobie et la transphobie sont les plus présentes. Le football est notamment en première position, devant le rugby.
L'étude Ipsos du Parisien met également en évidence que l'annonce de l'homosexualité ou de la transidentité d’un pratiquant suscite une réaction chez ses coéquipiers. Un constat dramatique, qui explique l’omerta qu’il y a dans les clubs de sport sur cette question.
Cela a une conséquence claire, les personnes concernées ne confient plus leur orientation sexuelle et préfèrent la cacher pour éviter d’être la cible de ces attaques.
Les répondants LGBT + de cette enquête ne sont que 55 % à avoir fait leur coming out auprès de leur entourage sportif.