"Il est déjà là depuis longtemps": la mise en garde de François Bayrou sur le "chaos" laisse de marbre

Le Premier ministre - qui se sait en danger à l'issue du vote de confiance le 8 septembre - met en garde contre le "chaos" que pourrait engendrer sa chute, avec notamment l'absence de budget. Pourtant, les Français jugent sévèrement l'ensemble de la classe politique, selon le sondage Elabe BFMTV/La Tribune.

Les jours de François Bayrou à Matignon semblent compter, d'ici le 8 septembre et le vote de confiance auquel il se soumettra devant les députés. Depuis son annonce lundi dernier, le Premier ministre réalise un marathon médiatique et poursuit ce dimanche soir, avec un entretien donné aux quatre chaînes d'information en continu. Objectif, selon Matignon, faire de la "pédagogie" et mettre les partis politiques face à leurs "responsabilités", avant d'éventuels entretiens la semaine prochaine.

45% des Français jugent l'ensemble des politiques responsables de la situation actuelle

Le maire de Pau est confronté à une gronde sociale - qui s'organise autour du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre et le mouvement intersyndical du 18 septembre - et aux critiques virulentes des oppositions. Dans le viseur, les 44 milliards d'euros d'économies que lui et son gouvernement veulent réaliser dans le cadre du budget 2026 de l'État.

Le locataire de Matignon, qui se veut le chantre de la maîtrise des finances publiques et de la dette, met en garde depuis le début de la semaine sur le potentiel "chaos" que pourrait engendrer sa chute. Pourtant, selon un sondage Elabe pour BFMTV/La Tribune, 45% des Français estiment que l'ensemble de la classe politique est responsable de la situation actuelle.

32% d'entre eux pensent que le grand responsable est Emmanuel Macron "et notamment sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale en juin 2024". Ils sont peu à désigner seulement François Bayrou (10%), les partis de gauche (7%) ou encore le Rassemblement national (5%).

"Une classe politique qui depuis 40 ans nous fout dans le rouge", persifle Jean, menuisier

"Selon moi, c’est la faute de Macron qui a dissous l’Assemblée il y a un an, à la surprise générale. Ça faisait déjà longtemps que c’était compliqué, mais depuis un an, c’est encore pire, c’est un peu la catastrophe", répond auprès de RMC, Louise, habitante de Strasbourg.

La défiance envers l'ensemble de la classe politique est un sentiment partagé par Arthur. "J’ai un problème avec cette caste politique totalement déconnectée du petit peuple et de ses revendications", juge-t-il.

Si les oppositions dénoncent ce qu'elles considèrent comme un chantage au "chaos" opéré par François Bayrou, pour Jean, "le chaos est déjà là depuis longtemps." Pour ce menuisier, la responsabilité s’étend bien avant les derniers gouvernements: "Toute notre classe politique, depuis 40 ans, nous fout dans le rouge avec une dette incroyable. On doit se serrer la ceinture mais je ne commence à plus avoir de crans sur la mienne. Nous, on n’en voit pas le bout et on ne le verra pas de sitôt malheureusement."

Emmanuel Macron exclut toute démission

Du côté du président de la République, quelle que soit l'issue du vote de confiance demandé par François Bayrou le 8 septembre, Emmanuel Macron a assuré vendredi qu'il entend "exercer jusqu'à son terme" le "mandat qui (lui) a été confié par les Français". Refusant de faire "de la politique fiction" sur une éventuelle nouvelle dissolution, Emmanuel Macron a estimé que son Premier ministre était face à "un défi qui n'est pas insurmontable" et appelé les forces politiques à trouver "des chemins d'accord" sur le budget.

Lucile Pascanet avec Léo Manson