"Il faut mieux protéger les agents du service public": le plan du gouvernement contre les violences

La réponse du gouvernement aux violences contre les agents des services publics. Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, présente ce lundi dans "Apolline Matin", sur RMC et RMC Story, un plan avec des mesures concrètes, comme la création d'un baromètre des incivilités, commun à l'ensemble des administrations, pour mieux mesurer et rendre visible le taux de violence dans les services publics, ainsi que l'automatisation des échanges de bonnes pratiques entre administrations ou encore l'extension de la protection fonctionnelle (accompagnement juridique des agents victimes d'agression).
"Il faut mieux protéger les agents, souligne le ministre. Aujourd’hui, une administration ne pouvait pas porter plainte à la place de l’un de ses agents, sauf s’il y avait un dommage matériel. On pouvait vivre des situations absurdes où un agent était très directement attaqué, frappé, et l’administration ne pouvait pas porter plainte à sa place. Bien souvent, c’était une forme de double pleine, l’agent n’avait pas envie de porter lui-même cette démarche judiciaire. C’est un gros changement, l’administration pourra le faire à sa place."
Du matériel va aussi être rapidement mis en place. "Les chiffres sont parfois parcellaires. On n’a pas toujours les bons outils pour savoir ce qu’il se passe et pouvoir réagir. Et il faut mieux prévenir. On va déployer plus rapidement du matériel, des boutons d’alerte, des caméras de vidéoprotection. J’ai débloqué un budget d’1 million d’euros pour qu’on puisse accélérer ce déploiement. On va continuer à travailler avec tous les réseaux administratifs pour diagnostiquer les besoins et équiper plus rapidement", explique Stanislas Guérini.
"Simplifier et être intransigeant"
Pour le ministre, chaque violence doit être dénoncée et sanctionnée. "C’est une insulte, une menace, une incivilité, un coup et parfois le pire, comme cette professeure qui a été assassinée à Saint-Jean-de-Luz, cet agent du fisc, cette soignante dans un hôpital… On voit qu’il y a ce continuum de violences et que ceux qui nous servent sont en première ligne. Dans les hôpitaux, l’année dernière, 35.000 soignants ont été agressés. Et dans nos caisses d’allocations familiales, plus de 12.000 personnes, 2.000 de plus que l’année devant. Nos fonctionnaires, nos agents de guichets, en première ligne, sont directement agressés. Ce n’est pas acceptable, ni supportable."
Pour éviter les tensions, il faut aussi améliorer les conditions de travail des agents. "On déploie des moyens sur le terrain, assure Stanislas Guérini. Quand on ouvre des maisons France services, on apporte des solutions. Il faut faire les deux, simplifier parfois et être intransigeant. Le président de la République l’a dit, il y a un phénomène de décivilisation et on voit bien qu’il se déverse aujourd’hui sur les guichets de nos administrations."
Mais "mieux protéger les agents, ce n’est pas couvrir quand il y a une faute", prévient le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, interrogé sur "le courrier de la honte" de l’académie de Versailles en réponse à la situation de harcèlement scolaire dénoncée par la famille de Nicolas, l’adolescent qui s’est suicidé à la rentrée à Poissy. "Si on veut mettre les agents de service public dans de bonnes conditions, il faut d’abord les protéger. Mais protéger, ce n’est pas couvrir", souligne Stanislas Guérini.