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Violences contre les agents des services publics: "Ils ne signalent plus quand ils sont insultés"

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Menaces de mort, insultes, violences physiques... Les agressions et incivilités ne cessent d'augmenter dans les services publics. Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, présente ce lundi une série de mesures.

Face à la multiplication des incivilités et des agressions dans les services publics, quelle réponse de l'État? Le ministre de la Transformation et de la Fonction publique Stanislas Guérini doit présenter un ensemble de mesures visant à mieux protéger les agents au contact du public.

Dans les CAF, à Pole emploi, ou encore dans les accueils du fisc, les agents sont très souvent confrontés à des violences verbales, voire physiques: insultes, menaces de mort, coups. Par exemple, en 2022, les agents Pôle emploi ont signalé 56 agressions ou incivilités en moyenne par jour ouvré.

Des violences qui se banalisent

Valentin, agent Pôle emploi en région parisienne, se souvient d'une conversation au téléphone avec un demandeur d'emploi: "Il a complètement vrillé, il m'a insulté de tous les noms, il m'a dit qu'il connaissait du monde dans ma ville et qu'il allait me retrouver physiquement."

Des menaces qui sont monnaie courante, selon lui. Il n'excuse pas cette violence mais il constate que plus les règles de l'assurance chômage se durcissent, plus elle grandit chez les chômeurs.

"Ils ont besoin d'être écoutés, mais on n'a pas le temps, moi j'ai 820 demandeurs d'emploi, ça crée de la frutration immense", explique-t-il.

Il y a quelques semaines, un agent s'est fait frapper à Argenton-sur-Creuse, une petite ville de l'Indre. La violence touche tous les milieux et se banalise, regrette le représentant Force ouvrière sur place Loïc Barboux. "Malheureusement, le niveau de tolérence des collègues augmente, quand ils se font insultés, ils ne le signalent plus, et les encadrements locaux se disent 'bah une de plus'," constate-il.

Un plan de sûreté des agences Pôle emploi est déjà en cours de déploiement depuis plusieurs mois avec de la vidéosurveillance notamment, mais les agents n'en voient, pour l'instant, pas les effets.

Après plusieurs mois de consultation, Stanislas Guérini lance un plan de protection avec des mesures concrètes: la création d'un baromètre des incivilités, commun à l'ensemble des administrations, pour mieux mesurer et rendre visible le taux de violence dans les services publics, l'automatisation des échanges de bonnes pratiques entre administrations, ou encore l'extension de la protection fonctionnelle (accompagnement juridique des agents victimes d'agression).

Victor Joanin (avec T.R.C.)