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Ils ont vérifié les promesses de Hollande: "un appel aux politiques à ne pas partir dans tous les sens"

Dans son programme en 2012, François Hollande avait présenté 60 engagements.

Dans son programme en 2012, François Hollande avait présenté 60 engagements. - Philippe Wojazer - AFP

Les journalistes Corentin Dautreppe, Clément Parrot et Maxime Vaudano publient mercredi Lui président. Depuis 2012, d’abord sur un site internet comme étudiants en journalisme puis désormais dans un livre ils ont épluché le bilan de François Hollande au regard de ses promesses de campagne. A travers leur livre, ils questionnent également la place de ces promesses formulées par les politiques en période électorale.

Corentin Dautreppe, co-auteur de Lui président

"A l’origine en 2012, on voulait faire un bilan de Nicolas Sarkozy. Mais cinq ans plus tôt, on était jeunes et on n’avait pas gardé de trace de son programme. On s’est dit que c’était dommage de ne pas pouvoir comparer son bilan avec ce qui avait été promis cinq ans plus tôt.

On voulait voir ce qu’il en était concrètement et nous nous sommes dits que dans 5 ans, ce serait bien de pouvoir avoir ce recul. Que ce serait intéressant pour l’électeur de savoir au-delà des accusations des frondeurs ou de la droite ce qu’il en est vraiment. L’idée phare est venue quand on a entendu l’anaphore de François Hollande à l’entre-deux tours, son "moi président".

Sur l’anaphore, quand il dit par exemple "je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon parti", c’est un engagement ferme. Il sait très bien que si 4 ans plus tard on le retrouvait à faire ça, tout le monde lui tomberait dessus. Pour lui c’était un engagement qu’il prenait devant des millions de personnes, c’est plus que des promesses. Pour nous, une promesse c’est aussi un engagement.

"Perte de crédibilité" mais "engagements irréalisables"

La plupart des responsables politiques déplorent aujourd’hui la perte de confiance des électeurs, une perte de crédibilité. Mais dans le même temps ils vont formuler des engagements irréalisables ou irréalistes. Maintenant que le fact-checking est un peu institutionnalisé, c'est un peu un appel aux politiques à ne pas partir dans tous les sens pour des raisons électorales.

D’un autre côté il y a aussi une tendance actuellement chez certains candidats, je pense à François Fillon ou Alain Juppé, à dire "contrairement à François Hollande je vais dire uniquement ce que je vais faire". On a eu pas mal d’interlocuteurs qui nous ont dit que les programmes sont préparés deux ans avant la campagne puis finis 6 à 8 mois avant l’élection, ce qui fait qu’ils deviennent parfois complètement obsolètes. Le programme de François Hollande avait été formulé avant l’Etat islamique, avant les attentats en France, avant la baisse des cours du pétrole, il y a eu tout un tas de mesures qui n’étaient plus pertinentes. Il ne faut pas tomber dans l’excès inverse de ceux qui disent qu’ils ne se tiendront qu’à leur programme.

L’une des conclusions de notre livre c’est qu’il y a une part de responsabilité des politiques mais aussi des citoyens qui doivent peut-être accorder plus d’importance à la sincérité et à la crédibilité de la réalisation des engagements plutôt que de se tourner vers les candidats qui vont promettre monts et merveille."

Lui président, Corentin Dautreppe, Clément Parrot et Maxime Vaudano - éditions Armand Colin

Propos recueillis par C. B