INFO RMC. Vote de confiance: le courrier de Jordan Bardella aux chefs d’entreprise

Dans une lettre adressée “aux chefs d’entreprise de France”, que RMC s’est procurée, Jordan Bardella prend la plume pour expliquer les raisons pour lesquelles son parti n’accordera pas la confiance à François Bayrou lundi 8 septembre. Un courrier de deux pages, dans lequel le président du Rassemblement national écrit d’abord que “nul gouvernement ne saurait convaincre lorsqu’il a creusé la dette publique et aggravé le déficit commercial dans des proportions inégalées depuis plus d’un demi-siècle”.
La position du RN ne varie donc pas. Comme les leaders du parti à la flamme Jordan Bardella et Marine Le Pen l’ont immédiatement annoncé, puis répété encore ce mardi à Matignon: le Rassemblement national n’accordera pas sa confiance à François Bayrou lundi prochain.
Rassurer les patrons
Mais il s’agit surtout de “rassurer le milieu économique”, explique Alexandre Loubet, vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale, “tout en rappelant aux chefs d’entreprises, que contrairement à ce qu'affirment nos adversaires, nous avons un cap économique clair”.
En votant contre le gouvernement, et en contribuant donc à la chute quasi inéluctable du Premier ministre, Jordan Bardella rejette donc toute responsabilité: “Nous savons combien l’incertitude politique fragilise la vie économique”, écrit-il “Mais cette instabilité ne procède pas de notre action.” Avant de rejeter la faute sur le plan budgétaire présenté par François Bayrou, mais aussi sur le front républicain, “de la gauche mélenchoniste au parti Les Républicains” qui l’a empêché, selon le chef du parti, d’obtenir “une majorité claire “ lors des dernières législatives.
Le RN se pose en “garant de la stabilité économique”
Avec ce courrier, le Rassemblement national tente de se poser en “garant de la stabilité économique”. Jordan Bardella propose, avec Marine Le Pen, ce qu’il appelle “un pacte de confiance” à destination des entrepreneurs.
Parmi ces propositions: une réduction de ce que le parti appelle “des mauvaises dépenses publiques”. Le RN serait alors en capacité d’économiser plus de 100 milliards d’euros, ce qu’il a déjà annoncé la semaine dernière lors de la rentrée du Medef, en mettant fin “à l’immigration d'assistanat, ou encore “au coût exorbitant de la bureaucratie d’État”. Jordan Bardella égrène ensuite des mesures du programme du RN, comme l’allègement de normes européennes, l’allègement des impôts de production à hauteur de 20%, la promesse de baisser les factures énergétiques, ou encore la priorité dans les marchés publics aux entreprises qui produisent en France.
“Notre conviction”, poursuit Alexandre Loubet, également conseiller spécial de Jordan Bardella, “c’est que la France a tous les atouts pour redevenir une puissance économique, encore faut-il les mobiliser et les libérer, notamment face au mur des normes et de la fiscalité. Les maîtres-mots de notre vision économique, c’est stabilité et croissance”.
Draguer le milieu économique
Une démarche loin d’être anodine, puisque le Rassemblement national, particulièrement ancré auprès des classes populaires, veut conquérir un peu plus l’électorat clé du monde économique, jusque-là réticent à voter pour le parti à la flamme. Et d’autant plus en cas de dissolution, que le RN réclame à cor et à cri. C’est “une volonté assumée de drague du milieu économique”, confie même une figure du mouvement mariniste.
Avec ce courrier aux chefs d’entreprises, le Rassemblement national assume donc sa stratégie entamée depuis plusieurs années et incarnée par Jordan Bardella que l’on dit économiquement plus libéral que Marine Le Pen. Le parti se félicite de l’accueil plutôt favorable réservé à Jordan Bardella dans les milieux d’affaires… invité la semaine dernière à la rentrée du Medef, ou encore en décembre dernier, au prestigieux réseau d’affaires du “Chinese Business Club”.
À quelques jours du départ quasi annoncé de François Bayrou, le parti est “dans les starting-blocks”, d’après les mots de Marine Le Pen. À coup de bureau de campagne pour des législatives anticipées lundi et de prises de paroles des cadres dans les médias, le parti tient à faire savoir qu’il est “prêt” à la dissolution. Depuis un an, le RN s’est donné pour mission d’anticiper une éventuelle dissolution, avec comme obsession d’éviter les erreurs des dernières législatives anticipées: des candidats aux profils racistes, antisémites, qui leur avaient tant coûté. Cette fois, le parti assure avoir déjà investi 85% de ses candidats, tous passés au peigne fin.
Voici le courrier de Jordan Bardella aux chefs d’entreprise, dévoilé par RMC:


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