RMC
Politique

À une semaine du vote de confiance, François Bayrou entame des consultations, a priori vaines

François Bayrou et Bruno Retailleau à Chartres le 8 juillet 2025

François Bayrou et Bruno Retailleau à Chartres le 8 juillet 2025 - JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

À une semaine du vote de confiance à l’Assemblée, François Bayrou multiplie les consultations politiques. Mais face au refus clair du Parti socialiste et aux critiques jusque dans sa coalition, le Premier ministre semble déjà en sursis.

François Bayrou a entamé lundi une série de consultations politiques, a priori vaines, à une semaine du vote de confiance à l'Assemblée qui devrait sceller le sort de son gouvernement, tout en continuant à défendre sa méthode critiquée jusque dans sa coalition.

Le Premier ministre a reçu lundi les dirigeants du Parti communiste, et continuera mardi et mercredi avec notamment ceux des partis soutenant la coalition présidentielle et ceux du Rassemblement national.

La cheffe des députés RN Marine Le Pen a indiqué qu'elle honorerait le rendez-vous par "courtoisie républicaine", mais n'en attendait "rien". Le RN est surtout concentré sur une potentielle dissolution de l'Assemblée, dont il sortirait gagnant selon les sondages, pour laquelle "notre devoir est d'être prêts", a-t-elle affirmé lors d'un bureau de campagne du parti lundi.

Un budget "honteux"

Le patron des communistes Fabien Roussel a pour sa part dénoncé auprès de François Bayrou un budget "honteux" et réclamé un nouveau Premier ministre de gauche. En temps normal, les attentes se seraient cristallisées sur la rencontre jeudi matin avec le Parti socialiste, dont les voix sont indispensables au gouvernement pour ne pas être renversé le 8 septembre par l'opposition conjointe de la gauche et du RN.

Mais Olivier Faure a tué tout suspense en martelant que la décision des socialistes, volontaires pour prendre la suite de François Bayrou à Matignon, est "irrévocable". Même François Hollande a annoncé qu'il ne voterait pas la confiance, critiquant "la méthode" du Premier ministre.

Selon Olivier Faure, François Bayrou fait "sa tournée d'adieux" en multipliant les interventions depuis sa décision surprise il y a une semaine d'engager la responsabilité de son gouvernement sur sa trajectoire de désendettement du pays par un effort budgétaire de 44 milliards d'euros.

Retailleau appelle les députés LR à ne pas "rejoindre les incendiaires"

Le Premier ministre peut compter sur le soutien de son ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui a exhorté les députés de son parti à ne pas "rejoindre les incendiaires" qui refuseraient de voter la confiance à François Bayrou, alors que les LR avancent divisés sur le sujet.

François Bayrou a continué à défendre sa position dimanche. Il n'y a "aucune politique courageuse possible" sans "accord minimal" sur le "diagnostic", a-t-il répété. Mais il a balayé les propositions budgétaires du PS qui constituent selon lui "une menace sur les investissements en France".

Le PS propose notamment de diviser par deux l'effort budgétaire voulu par François Bayrou et veut le faire peser "d'abord sur les grandes fortunes" par une taxe de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros.

Le Premier ministre assure être prêt à "négocier" mais sa manière de critiquer les oppositions fait douter de sa volonté réelle jusque dans sa majorité. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a reconnu lundi qu'il "aurait peut-être fallu davantage dialoguer cet été" et regretté "les mots maladroits" du Premier ministre sur les oppositions en "vacances."

Quelle coalition?

Sur le fond, elle a réclamé l'abandon de la mesure la plus impopulaire, la suppression de deux jours fériés, tout comme le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand (LR). "Ce plan est injuste, je l'avais dit dès la mi-juillet, or le Premier ministre n'a rien bougé, n'a rien changé", a-t-il déploré sur Franceinfo.

À défaut de réussir à négocier le fond, les consultations du Premier ministre - qui restera quoi qu'il arrive le leader d'un parti, le MoDem, comptant 36 députés à l'Assemblée - serviront peut-être à discuter de l'après 8 septembre.

Ni les socialistes, ni le camp présidentiel, ni la droite ne réclament une nouvelle dissolution, mais peuvent-ils se mettre d'accord, au nom de la "stabilité des institutions", sur la formation d'un nouveau gouvernement qui laisserait de côté les "irritants" jusque 2027, comme le réclame Yael Braun-Pivet?

À gauche, LFI, qui veut une présidentielle anticipée, a déjà averti les socialistes qu'ils "n'accorderaient pas de confiance à un gouvernement qui ne porte pas un programme de rupture", selon leur cheffe de file à l'Assemblée Mathilde Panot sur France 2.

À rebours du patron du parti Bruno Retailleau, la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse s'est, elle aussi, dit favorable à une élection présidentielle anticipée, plutôt qu'à une nouvelle dissolution. En attendant, la situation politique continue d'être suivie de près à l'étranger. Tous les risques de chute de gouvernement "sont préoccupants", a estimé lundi la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde.

RMC avec AFP