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"Je suis dépité": un médecin menace de fermer son cabinet après les législatives

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Alors que le Rassemblement national a rassemblé 38% des suffrages lors des élections européennes à Saint-Martin-des-Besaces, dans le Calvados, le médecin de cette petite commune menace de ne plus exercer si les choses se répètent aux élections législatives.

Des votes inspirés par "la haine et la malveillance". Dans le village de Saint-Martin-des-Besaces, dans le Calvados, le médecin généraliste, sans jamais nommer le Rassemblement national, menace d'arrêter d'exercer si les habitants choisissent "l'extrême violence" aux prochaines élections législatives.

Dans son collimateur, le parti d'extrême droite qui a fait 38% aux dernières élections européennes. Le praticien a marqué son désarroi par une affiche collée dans sa salle d’attente: "Je me sens désavoué et troublé".

"Si le choix de l’extrême violence venait à s’imposer, ce sera sans moi. Après 33 ans de bons et loyaux services, je suis dépité", peut-on lire sur l'affiche.

Les résultats lui ont "donné la nausée", écrit-il. "Mon métier, c'est de crever les abcès, j'avais besoin de crever celui-là. J'ai fait ça sans jugement et projet politique derrière".

Une démarche qui interroge les habitants

Mais dans cette petite commune, qui compte un peu plus de 1.000 habitants, peu d'entre eux approuvent la démarche. "Je trouve qu'il est quand même dans le jugement. Il reste poli, correct, mais pour moi, c'est du chantage", estime Sophie, qui a lu sa lettre.

Parler politique semble quasi tabou dans ce village "parce qu'après ça fait des conflits", selon Aurore qui juge "maladroite" l'initiative du médecin. "Entre soigner les gens et avoir son avis politique, je pense qu'il n'y a pas de rapport. Après ça ne m'empêchera pas d'aller le voir. À côté de ça, c'est un super docteur", détaille-t-elle.

Dans la boulangerie d’Elodie, la démarche suscite le débat. Pour elle, "chacun a le droit de voter pour qui il veut".

"Pour moi, c'est plus ça qui me perturbe, qu'on l'affiche comme ça. C'est comme si moi je disais demain que j'arrête de faire du pain", commente-elle.

Mais pour l'une de ses clientes, il faut saluer son courage: "Moi je suis très content qu'un médecin prône ces valeurs-là. On parle souvent des célébrités qui vont un peu dire ce qu'ils en pensent. Là, ce n'est pas une célébrité mais ça reste un médecin de village et je trouve qu'au moins c'est important".

Accoudé au bar du village, Régis pense, lui, que la lettre n’aura aucun effet: "Il met ce qu'il veut mais les gens voteront ce qu'ils ont envie de voter de toute façon. Ça ne va pas changer grand chose. Ça serait dommage qu'on se retrouve sans médecin juste pour un vote".

Le médecin dit ne pas vouloir donner de leçon. "Mon cri du coeur est un appel sincère à des discussions fraternelles avec mes patients", explique-t-il.

Martin Cadoret (avec T.R.C.)