La crise de leadership, le vrai problème du PS

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -
Rappelons-nous de la célèbre formule de Winston Churchill à propos de la démocratie : « Le pire système, à l’exception de tous les autres. » Je crois qu’au point où en sont les socialistes, la même maxime peut d’appliquer aux primaires. Parce que les primaires posent sûrement des tas de problèmes – de droit, d’organisation, de financement – mais elles peuvent régler ce qui est le problème principal du PS, c’est-à-dire une crise de leadership. Depuis 2002 et le retrait de Jospin, les socialistes n’ont pas de chef qui soit un présidentiable évident. Ce n’était pas le cas de François Hollande quand il était 1er secrétaire. Ce n’est pas le cas non plus de Martine Aubry. Donc il faut bien trouver le moyen de désigner un candidat. Et il me semble qu’un vote, c’est toujours mieux qu’un arrangement entre apparatchiks – surtout avec des fédérations vermoulues comme on le voit dans les Bouches-du-Rhône. En tout cas, qu’on ne me dise pas que ça abîmerait davantage l’image du PS !
L’inconvénient qui est le plus souvent évoqué, c’est le risque de voir les socialistes étaler leurs divisions.
Ils n’ont pas besoin des primaires pour se diviser ! Dans tous les partis politiques il y a des rivalités de personnes – qui ne sont pas illégitimes – et aussi des différences de fond. Au PS, tout le monde n’est pas d’accord sur la fiscalité, l’éducation, la place de l’Etat dans l’économie – comme à l’UMP où il y a plusieurs lignes ; et même au FN où on a vu s’affronter Marine Le Pen et Bruno Gollnisch dans ce qui ressemblait assez à une primaire… Sous Mitterrand ou sous Jospin, le PS tranchait lors des congrès : il y avait un vote plus ou moins arrangé et on ajustait la ligne sous l’autorité du chef. On n’est pas obligé de faire semblant de croire que c’était le bon temps de la démocratie militante. Non seulement ce ne sont pas les primaires qui font surgir les différences, mais elles peuvent les trancher. Parce qu’il ne faut pas se raconter d’histoires, c’est le choix du candidat qui conditionnera la teneur du projet, et pas le contraire.
La « bataille des égos » est donc un mal nécessaire au PS ?
Nécessaire, non; mais inévitable. C’est l’élection présidentielle elle-même qui induit cette hypertrophie des égos. Il faut quand-même être furieusement mégalomane pour se rêver à l’Elysée et penser qu’on réussira mieux que les autres à gouverner le pays ! Mitterrand mis à part, c’est une qualité – ou disons : un atout – qui a manqué aux candidats socialistes. A défaut d’une statue du commandeur, disons que les primaires peuvent donner à celui qui sera désigné le statut d’un commandant.
Les primaires ont été conçues il y a deux ans. La montée de Marine Le Pen dans les sondages ne change rien ?
Théoriquement, elle devrait dissuader les micro-candidats, parce que l’émiettement donnerait un handicap au PS. S’il y a deux (ou trois) bons candidats, les sympathisants socialistes peuvent y trouver un intérêt, une raison d’aller voter. Et si – comme je continue de le penser – DSK est candidat, ce sera doublement positif pour lui – quoi qu’il en pense: la primaire peut l’aidera à trouver une légitimité plus large qu’au sein du PS. Et il aura une campagne assez longue pour recréer un lien avec les Français. C’est peut-être ce dont il a le plus besoin aujourd’hui.