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La double faute de François Fillon

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

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François Fillon a apporté mercredi son soutien à Nadine Morano en déclarant : « Nadine Morano a dit que les électeurs partageaient les mêmes valeurs qu’elle et moi, je partage les mêmes valeurs que Mme Morano. » Une double faute de François Fillon.

C’est une faute politique et une faute morale. Au moment où l’UMP cherche sa voie (et un chef), où la droite paraît saisie d’effroi face à la montée du FN, on aurait pu penser que François Fillon serait de ceux qui gardent leur calme et leur raison. A priori, c’est un flegmatique. Le voir à son tour y aller de son petit compliment hypocrite pour espérer amadouer l’électorat lepéniste, c’est assez désolant. Quand il était premier ministre, Fillon était « à la tête d’un Etat en faillite ». Aujourd’hui, c’est son parti qui est guetté par la faillite – la faillite morale. Il ne l’aide pas à en sortir.

Il ne peut pas revendiquer des valeurs communes avec le FN ? Ou essayer de le faire croire pour gagner des voix ?

A la limite, peu importe. Disons qu’on a du mal à croire que celui qui se présente en fils spirituel de Philippe Séguin puisse partager des « valeurs » avec Marine Le Pen. Séguin était gaulliste et souverainiste, il ne confondait pas la défense de l’identité nationale avec la xénophobie. Il n’aurait sûrement pas dit que l’UMP et le FN ont des valeurs en commun – pas même pour dénoncer les accords de Schengen. Il était attaché aux frontières, mais aussi aux barrières morales. Et il a toujours refusé la compromission avec le FN. Que François Fillon l’ait oublié ou qu’il fasse semblant, c’est aussi grave. C’est même assez honteux.

Son attitude est-elle surtout dictée par son ambition de prendre la tête de l’UMP ?

Bien sûr. Le « ni-ni » de Fillon, ce n’est pas ni FN ni PS, mais ni Copé ni Juppé – et même « ni Sarkozy », parce qu’il veut à tout prix empêcher son retour… Fillon est un homme simple qui se montre souvent double. Il a exprimé sa « différence » après le discours de Grenoble (2010), puis aux cantonales (2011) parce que lui voulait appeler à voter contre le FN. Dans le même temps, il a mené sans état d’âme la politique robuste voulue par Sarkozy et même contribué à la droitisation en écartant Jean-Louis Borloo. Ce qui prouve que ce qui lui manque, c’est moins le caractère que la cohérence.

Jean-François Copé est plus clair par rapport au FN ?

Moins équivoque, oui. Lui aussi fait de la tactique mais il ne dévie pas de son argumentaire qui renvoie dos à dos le FN et le Front de Gauche – au motif que Jean-Louis Mélenchon aurait de la complaisance pour les dictatures communistes. Il a juste oublié que lui-même a signé pour l’UMP un accord de partenariat avec le PC chinois ! Ce qui prouve qu’en ce moment, à l’UMP, tout le monde a des problèmes de mémoire. Ce n’est pourtant pas le moment…

Pour écouter Le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce jeudi 14 juin, cliquez ici.

Hervé Gattegno