La droitisation de Sarkozy inquiète à l'UMP

Les appels du pied de Nicolas Sarkozy aux électeurs du Front National et la droitisation de sa campagne commencent à inquiéter des membres de l'UMP. RMC a recueilli leurs critiques et leurs craintes d'une explosion du parti.

La chasse aux voix des électeurs de Marine Le Pen permettra peut-être à Nicolas Sarkozy de remporter la présidentielle, mais elle est un risque majeur pour l’UMP. Car la stratégie à droite toute, assumée plus que jamais par le président-candidat, commence à effrayer une partie des responsables du parti. Si, publiquement, bien peu osent encore esquisser ne seraient-ce que de simples réserves, en privé, les langues se délient. A un journaliste d’RMC, un parlementaire UMP évoque même, sous couvert de l’anonymat, une campagne néo-frontiste.

Un député UMP invite ses collègues « à montrer à Sarkozy (leur) désaccord »

D’autres parlent de stratégie de la terre brûlée : « On fait tout ce qu'on ne devrait pas faire. On parle beaucoup trop de sécurité et d'immigration. Pas assez d'emploi », a déploré jeudi un ministre. Un autre, en aparté, se dit écœuré mais a promis d’être loyal jusqu’au bout. Etienne Pinte, député des Yvelines, joint par RMC, n’hésite pas à condamner cette stratégie. Il invite même ses collègues UMP « à montrer à Nicolas Sarkozy (leur) désaccord ». L’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin n’est lui non plus visiblement pas très à l’aise. Dans un entretien au Monde, il prévient : « Si j'exprimais aujourd'hui des réserves, j'affaiblirais mon camp ». Preuve de son embarras.

« Beaucoup de gens à droite craignent l'explosion de l'UMP »

Même doute sur la stratégie de Nicolas Sarkozy du côté des observateurs. Comme le sociologue Erwan Lecoeur, directeur de l'Observatoire du débat public, et auteur du « dictionnaire de l’extrême droite » (Larousse éditions) : « Il est clair que cette stratégie est dangereuse. S'il est élu, il écrira l'histoire. Mais s'il n'est pas élu beaucoup de gens à droite craignent l'explosion de l'UMP, et éventuellement la récupération de tout un pan du parti par le Front National, ou en tout cas par les sirènes des électeurs du FN, pour les législatives. Tout le monde en a bien conscience à l'UMP : l'objectif de Marine Le Pen, c’est bien que Nicolas Sarkozy disparaisse de la vie politique pour pouvoir, elle, apparaître comme une des principaux leaders de la droite dans les années qui viennent ».

La Rédaction avec Antoine Perrin