La gauche invite à travailler à un “rassemblement utile”, Eric Zemmour appelle à "la plus vaste union des droites"

Eric Zemmour et Olivier Faure. - AFP
Le président de Reconquête! Eric Zemmour a appelé dimanche le RN et LR à "la plus vaste union des droites" en vue des législatives provoquées par la dissolution de l'Assemblée nationale, décidée par Emmanuel Macron après la victoire du RN lors des élections européennes.
Au QG du parti, dans le VIIIe arrondissement de Paris, l'ex-candidat à l'élection présidentielle de 2022 a souligné sa "grande joie d'obtenir nos premiers élus" pour le jeune mouvement d'extrême droite, crédité selon lui de 5,30% des suffrages en fin de soirée, ce qui lui donnerait cinq eurodéputés.
"Les 5% de ce soir sont une formidable bonne nouvelle" car ils permettent à Reconquête! d'entrer "de plain-pied dans la grande politique européenne", a estimé Eric Zemmour, qui avait obtenu 7% des voix en 2022.
La tête de liste Marion Maréchal a aussi appelé à une "coalition des droites" et s'est dite "prête à rencontrer dans les jours qui viennent Marine Le Pen (présidente du groupe RN à l'Assemblée) et Jordan Bardella (président du RN), Eric Ciotti (celui des Républicains) et Nicolas Dupont-Aignan (celui de Debout la France) pour travailler ensemble".
"La coalition, on l'appelle de nos voeux dès le premier tour" des législatives, a indiqué à l'AFP Jean Messiha, en 8e position sur la liste des européennes.
"Il faut avoir l'intelligence de faire dans le camp national ce que Mélenchon a fait dans le camp de la gauche", a-t-il estimé.
"Si le RN veut être en mesure de gagner en 2027" lors de la prochaine présidentielle, "il faut un accord électoral" dès ces législatives qui réservera "un ou deux portefeuilles ministériels" à Reconquête, a-t-il ajouté.
"Front populaire"
Les responsables des partis de gauche ont également appelé leur camp à travailler à un "rassemblement" pour préparer les élections législatives de juin après la dissolution surprise annoncée par Emmanuel Macron, malgré les désaccords ayant conduit à l'échec de la Nupes.
Les uns après les autres, Fabien Roussel (PCF), Olivier Faure (PS) et la tête de liste des Ecologistes Marie Toussaint ont lancé des appels respectivement à un "pacte pour la France", des "discussions" ou un "rassemblement utile" pour affronter le défi inattendu de législatives avec un Rassemblement national qui a le vent en poupe après son large succès aux élections européennes.
"Il y a un rapport de forces ce soir qui a évolué" entre les partis de gauche après les européennes, a toutefois averti Olivier Faure, dont le candidat Raphaël Glucksmann est arrivé en tête des listes de gauche. Le député socialiste a donc appelé "chacun à réfléchir aux meilleures conditions pour un rassemblement qui permette d'avoir un projet, qui permette d'être entendu par les Français".
"Voyons-nous rapidement, travaillons ensemble à un pacte pour la France en mettant les politiques sociales, les salaires, le pouvoir d'achat, la répartition des richesses", sur la table, a demandé Fabien Roussel, le patron d'une des formations de l'alliance de gauche Nupes, mise en place après les législatives de 2022 et qui a explosé à l'automne.
"Nous allons mener campagne pour aller à Matignon, pour gouverner le pays et pour faire en sorte d'apporter enfin des réponses aux grandes difficultés que rencontrent les Français", a assuré de son côté le coordinateur national de LFI Manuel Bompard.
"N'allez pas trop vite en besogne", a-t-il toutefois répondu, interrogé spécifiquement sur une campagne de Jean-Luc Mélenchon pour aller à Matignon.
Le retour de la Nupes?
Manuel Bompard a également dénoncé la "lourde responsabilité" de "Raphaël Glucksmann et du Parti socialiste" qui "ont tourné le dos à la Nupes". Conscient de la difficulté à construire un rassemblement de la gauche dans l'urgence dans ces conditions, le député LFI François Ruffin a lancé un halte-au-feu.
"Aujourd'hui, le sujet, c'est d'avoir un bloc pour faire face à ce qui peut arriver de pire pour notre pays, a-t-il expliqué. J'en appelle aux dirigeants des partis de gauche pour que maintenant on soit unis et qu'on arrête les conneries. Ça a assez duré de s'insulter, ça a assez duré de se déchirer".
De 17 députés en 2017, LFI était passée à 75 élus à l'Assemblée en 2022 et, grâce à l'alliance électorale de la Nupes, 150 députés de gauche avaient intégré le palais Bourbon.
Mais quid d'une alliance à ces nouvelles législatives, alors que la Nupes a éclaté autour des réponses à apporter à l'attaque du Hamas le 7 octobre et que la gauche s'est présentée divisée aux européennes.
"On a une coalition des gauches et des écologistes qui existe aujourd'hui et qui, je le crois, si elle sait se reprendre, est en capacité de mener cette bataille" des législatives, a jugé la tête de liste des Écologistes aux européennes Marie Toussaint, tout juste au-dessus de la barre qualificative des 5%. Le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon a de son côté appelé lors d'un meeting improvisé à Paris à "l'unité du peuple".
"Chacun est capable de faire le choix du programme qui permet l'unité populaire", a-t-il ajouté.