Présidence de la Commission européenne: vote crucial attendu, Ursula von der Leyen vers un nouveau mandat?

Alors que les yeux sont rivés sur la présidence de l’Assemblée nationale, une autre élection agite la politique européenne: la présidence de la Commission. Un poste clé, occupé par l’Allemande Ursula Von der Leyen. C’est elle qui depuis cinq ans dirige l’organe exécutif de l’Union européenne. C’est elle qui fixe les grandes orientations politiques, c’est elle qui détermine le calendrier de la Commission et qui tient les cordons de la bourse puisqu’elle alloue les financements européens.
Ursula Von der Leyen est candidate à sa succession. Pour rester en poste, elle doit recueillir la majorité absolue au Parlement européen fraichement élu. Soit 361 voix sur les 720 sièges.
Les autres tractations qui se jouent... à Bruxelles
Le vote a lieu à Strasbourg jeudi 18 juillet et les eurodéputés se prononcent à bulletin secret. La difficulté, c’est que l’Assemblée européenne est composée d’une myriade de forces politiques. Résultat de l’élection à la proportionnelle, un mode de scrutin qui favorise la pluralité. Ainsi, on ne compte pas moins de huit groupes politiques, sans parler des non-inscrits.
Ainsi, aucun groupe n’a de majorité absolue. Et pourtant, c’est bien ce qu’il faut à la présidente pour être réélue. Sur le papier, elle peut compter sur le soutien du groupe de droite, le Parti Populaire européen. Elle est issue de cette famille politique, qui reste la première force, avec 188 sièges. Mais elle n’aura probablement pas toutes leurs voix. Certains observateurs estiment les pertes à 15 à 20%.
Elle pourra aussi s’appuyer sur une partie des socio-démocrates, ils sont 136. Derrière, on trouve les patriotes pour l’Europe, avec 84 sièges, groupe présidé par Jordan Bardella. Et si on y ajoute les souverainistes, on arrive à 109 eurodéputés d’extrême droite. Vous l’avez compris: la présidente pourra difficilement faire sans eux.
Ursula Von der Leyen n’a donc pas le choix: si elle veut rester, elle doit composer, négocier, passer des accords, donner des gages et promettre des postes importants. Faire des compromis finalement, en essayant de ne pas se compromettre.
Va-t-elle y arriver? Et à quel prix?
Depuis la semaine dernière, Ursula von der Leyen est en opération tractation. Elle devait se rendre au sommet de l’OTAN, elle a préféré rester à Bruxelles pour faire campagne. Elle enchaîne les coups de téléphones, les cafés, les réunions. Chaque voix compte. Il y a cinq ans, elle l’avait emporté dans un mouchoir de poche, à neuf bulletins près.
Sa principale monnaie d'échange, ce sont les postes: vice-présidents, commissaires, présidents de commission. L’heure à la distribution, en fonction du poids de chaque parti politique.
Est-ce qu’elle va y arriver? Et à quel prix? Ursula von der Leyen tente par exemple d’obtenir le soutien officiel de la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni, et à travers elle, 24 élus. Mais ça pourrait lui faire perdre d’autres voix à gauche. Elle courtise aussi Les Verts, qui pèsent 53 bulletins.
C’est une sacrée partie d’échec, dont on a bien du mal à anticiper les coups. Mais la présidente est rompue à cet exercice d’équilibriste politique.