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La stratégie de la petite phrase de Marine Tondelier... pour faire oublier Sandrine Rousseau?

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Marine Tondelier est en visite au salon de l'Agriculture, ce jeudi. Une visite qui sera scrutée tant la nouvelle patronne des écologistes est devenue la spécialiste de la petite phrase, depuis son accession à ce poste, en décembre dernier. À en faire oublier l'autre spécialiste des phrases chocs, à gauche, Sandrine Rousseau?

Le défilé des politiques au salon de l’Agriculture se poursuit ce jeudi. Parmi les visiteurs du jour, Bruno Le Maire, Olivier Véran ou Olivier Faure, ce sont les propos de Marine Tondelier qui seront particulièrement scrutés. Nouvelle secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts depuis le 10 décembre dernier, elle utilise à l’envie la stratégie des petites phrases : "On va faire la ZAD à l'Assemblée nationale", c'est elle. "Nous voulons une France sans milliardaires", c'est elle aussi. Les insoumis sont "des forceurs", c'est encore elle.

Marine Tondelier a grandi à Hénin-Beaumont, terre électorale de Marine Le Pen, où elle s'est formée à la politique, est devenue conseillère municipale puis régionale, et où elle habite encore. Marine Tondelier parle fort, parle cash. Loin des propos policés, par exemple, de Yannick Jadot pendant la présidentielle.

"Elle est naturelle et spontanée, et elle fait parler de nous" se réjouit un dirigeant de son parti, ravi de la voir beaucoup plus souvent invitée dans les médias que son prédécesseur, Julien Bayou.

Une stratégie qui ne fait pas l'unanimité

Sauf qu'en interne, cette stratégie de la petite phrase ne fait pas l’unanimité, en particulier chez les députés écolos: "une secrétaire nationale ne devrait pas dire ça. Ce n’est pas fin" râle l’un d’eux. Sa phrase sur la ZAD à l’Assemblée nationale a été particulièrement mal digérée et revient encore en boomerang à ses parlementaires:

"Elle a permis à nos opposants de dire qu’on bordélisait l’Assemblée. Elle donne des prises à leur argumentation.” s’agace une autre élue parmi d'autres.

"Elle donne l’impression d’être une ado de 40 ans qui dit des trucs bizarres. Sa crédibilité en prend un coup", dézingue une autre élue socialiste. Plusieurs dirigeants à la Nupes lui ont conseillé de faire plus attention, de soupeser ses propos maintenant qu’elle a réussi à gagner un peu en popularité: "Elle veut faire grandir son parti mais elle n’existe que sur des anecdotes. Elle risque au final de se 'cornériser'", juge par exemple un stratège insoumis.

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Sandrine Rousseau au second plan?

Avec cette stratégie Marine Tondelier a réussi à reléguer au second plan Sandrine Rousseau. Depuis plusieurs semaines - à de rares exceptions - les messages de l’ancienne finaliste de la primaire écologiste ne sont plus (trop) entendus. Manière ainsi pour Marine Tondelier de “recentrer” Europe Ecologie-Les Verts, et de s’éloigner quelque peu de l’éco-féministe plutôt clivant dans l’opinion publique.

“Elle a fait perdre à Sandrine son effet nouveauté” juge un de ses proches, alors qu'un autre juge qu'elle "a pris son espace médiatique."

Il subsiste néanmoins un risque: celui de la surenchère. A vouloir la lumière dont bénéficie Sandrine Rousseau, elle finit par lui ressembler dans la méthode. Beaucoup lui reproche ainsi de se “rousseauiser”. Un paradoxe, parce qu’elle a longtemps dénoncé cette stratégie. Encore en octobre dernier, Marine Tondelier attaquait "la twitterisation de la vie politique". "Notre mouvement a trop souffert de la recherche de la petite phrase ou polémique qui permet à une personne de passer le mur du son", déclarait-elle à cette époque pourtant pas si lointaine.

Cyprien Pézeril