"Le problème, c'est la méthode": qu'attendent les Français de l'allocution d'Emmanuel Macron?

Emmanuel Macron va-t-il trouver les mots et les actions pour apaiser les tensions qui touchent la France depuis janvier? La réforme des retraites a été promulguée par le président de la République ce week-end, mais la colère des Français est encore forte. Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié ce lundi matin, 90% des Français estiment que son allocution télévisée prévue ce lundi soir à 20 heures ne permettra pas de calmer la situation sociale.
Une colère qui va conduire de nombreux citoyens à boycotter son intervention. Pour Laurence, institutrice et rennaise de naissance, il est hors de question d'écouter le président de la République: "Je ne vais pas perdre mon temps à écouter ça! Il va certainement essayer de justifier encore une fois ses passages en force qui sont intolérables dans une démocratie", estime-t-elle. Et elle ne sera pas la seule à ne pas regarder cette allocution: "De toute façon, moins je regarde la télé, mieux je me porte", s'amuse une autre passante interrogée dans les rues de Rennes. "Au final, c'est voté et promulgué donc il n'y a plus rien à faire", soupire une autre.
Dans le Gard, Philippe, routier, témoigne au 3216 sur RMC d'une véritable rupture avec le président de la République: "C'est fini, pour moi il n'y a plus rien à écouter. On dit qu'on est en démocratie et on gouverne à coups de 49.3. La seule solution, c'est qu'il démissionne". Pascal, auditeur RMC, estime de son côté qu'il va encore "vendre de la pourdre de perlinpimpin".
La méthode du président au coeur de la colère
Au final, c'est surtout la personnalité d'Emmanuel Macron qui semble cristalliser les colères. Margaux, plongeuse en restauration, avait pourtant voté "fièrement" pour lui en 2017, mais, depuis, c'est la déception.
"Je préfère dormir que de l'écouter, on verra ce qui en ressort mardi matin. Ce n'est même plus la réforme le problème, c'est le comportement. On ne peut pas avoir un président qui nous parle de cette manière quand on se tue au travail pour 1.000 balles", reproche-t-elle.
Au standard de RMC, Jean-Christophe confie qu'il n'écoute plus Macron depuis le Covid, et a également un problème sur la forme plus que sur le fond: "Le problème, c'est la méthode. On a l'impression que plus il va dans le mur, plus ça lui plaît". Jean-Christophe a sa stratégie prête pour l'allocution. "A 19h45, je mets France 2, je vais écouter la Marseillaise puis je zappe, et ils vont enregistrer mon changement de chaîne", explique-t-il, estimant que c'est une sorte de geste militant.
"Il faudrait qu’il fasse quelque chose"
A Rennes, Philippe, lui, sera devant son poste pour l'intégralité de l'intervention d'Emmanuel Macron, sans en attendre grand-chose non plus. "Oui je vais la regarder en tant que citoyen. Mais il va dire qu'il faut tourner la page et passer à autre chose, et sur les réactions, tout le monde va dire qu'il est hors-sol", prévoit-il.
Dans le centre-ville de Rennes, les stigmates des dernières manifestations émaillées de violences sont encore largement visibles. Gilles découvre les dégâts et les vitrines brisées. "C'est triste. C’est écœurant", souffle-t-il. Il aimerait un appel au calme de la part d’Emmanuel Macron. "Il faudrait qu’il fasse quelque chose. Il le faut, insiste-t-il. Je suis dans l'expectative." Car lui, et d’autres Rennais que nous avons rencontrés, redoutent que la colère des Français monte encore d’un cran après ce discours.