Le PS fait profil bas sur l'affaire Strauss-Kahn

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PARIS/METZ (Reuters) - C'est un Parti socialiste attentif mais avare de commentaires qui a assisté lundi à l'audience de Dominique Strauss-Kahn, ancien favori pour l'élection présidentielle inculpé de viol aux Etats-Unis.
Trois semaines après son arrestation, l'ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) s'est présenté en début d'après-midi, heure française, devant la cour Suprême de l'Etat de New York où il a plaidé non coupable des accusations d'agression sexuelle, tentative de viol et séquestration portées contre lui.
A l'orée de cette bataille judiciaire, l'un de ses proches, Jean-Christophe Cambadélis, a décrit un accusé "combatif".
"Dominique Strauss-Kahn téléphone moins qu'on le dit dans les gazettes, mais tous les amis qui l'ont eu au téléphone vous diront deux choses : d'abord qu'il est extrêmement triste et ensuite qu'il est extrêmement combatif", a témoigné sur RTL le député socialiste de Paris.
Au siège du PS, on parle d'une "affaire d'ordre privé".
En déplacement à Metz pour une "rencontre du changement" en compagnie du maire de Paris, Bertrand Delanoë, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, a invité chacun à la "décence" face à "un drame extrêmement lourd".
"Nous attendons donc de savoir sa version des faits. Il faut à la fois de la décence et de la quiétude si l'on veut que la justice fasse son travail", a dit la maire de Lille lors d'un point de presse à son arrivée.
COMPASSION POUR LA PLAIGNANTE
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, fait lui aussi profil bas en attendant le jugement.
"Le procès de Dominique Strauss-Kahn retient notre attention, assez légitimement, mais nous ne le commenterons pas", a-t-il déclaré lors du point de presse hebdomadaire.
Parfois accusé au tout début de l'affaire d'avoir fait montre d'indulgence envers l'ex-patron du FMI, le PS utilise désormais des termes équilibrés, préservant les deux parties.
"Nous respectons à la fois la parole de cette jeune femme et cette jeune femme, et nous respectons la présomption d'innocence de Dominique Strauss-Kahn", a dit Martine Aubry à Metz.
Benoît Hamon décrit "une affaire qui n'a pas dit sa vérité".
"Il y a une plaignante qui dit être victime d'un viol et un accusé qui dit être innocent", a-t-il souligné. "Pour l'instant, notre compassion va à la plaignante et nos pensées vont à Dominique Strauss-Kahn, que nous connaissons".
En attendant le fin mot de l'histoire, dans plusieurs mois, "la vie continue", reconnaît Jean-Christophe Cambadélis.
Dominique Strauss-Kahn "allait se lancer, soyons clairs" dans la course à l'investiture du Parti socialiste pour l'élection présidentielle française, a-t-il rappelé.
"Je souhaite qu'il puisse revenir en ayant pu démontrer qu'il n'était pas coupable, mais en attendant, il y aura eu des primaires au Parti socialiste, un début de campagne présidentielle, la vie qui continue, les difficultés des Français, etc."
Les candidats à la primaire socialiste d'octobre devront se déclarer entre le 28 juin et le 13 juillet prochain.
La prochaine audience de Dominique Strauss-Kahn est prévue le 18 juillet.
Elizabeth Pineau, avec Gilbert Reilhac à Metz, édité par Yves Clarisse