"Lecornu ne va pas assez loin": la fin des avantages des ex-Premiers ministres suffira-t-elle?

À peine arrivé, et déjà une mesure symbolique sur les avantages de ses prédécesseurs. Sébastien Lecornu a annoncé lundi soir la restriction de plusieurs avantages pour les anciens Premiers ministres à partir du 1er janvier. Ils sont aujourd'hui 17 anciens Premiers ministres encore en vie à pouvoir bénéficier d'un chauffeur et d'une voiture de fonction "à vie". La facture annuelle de ces avantages pour l'Etat s'élève à 1,5 million d’euros.
Les anciens locataires de Matignon peuvent aussi bénéficier d'une protection policière, dispositif dont le coût est évalué à 2,8 millions d'euros par an selon un rapport parlementaire de 2019.
"Lecornu a pris la mesure des remontées des Français"
On est encore loin des 40 milliards visés par le précédent gouvernement. Mais dans les rues de Paris, la fin de ce privilège est accueillie très positivement.
“À partir du moment où on occupe une fonction, où derrière il y a un risque pour sa sécurité, c’est bien que l’Etat couvre la sécurité. Maintenant, que ce soit vrai pendant 30 ans, il faut arrêter les conneries”, estime un passant interrogé sur RMC.
“Il y aura toujours une mesure du risque faite donc ça me paraît légitime de regarder ça plutôt que ce soit un privilège acquis à vie qui fait assez 'ancien régime' dans l’idée”, ajoute un autre. “On peut prendre partout où on peut. 2,8 millions ce n’est pas grand-chose certes, à cette échelle-là, mais malgré tout, je pense que ça aura un impact positif. C’est un bon début et il faut voir où on peut soutirer le reste”, assure un troisième.
2,8 millions d'économies pour l'Etat
Parmi les mesures annoncées par Sébastien Lecornu, la fin de la protection policière à vie des anciens Premiers ministres et ministres de l’Intérieur donc. Une décision saluée par Gilles Furigo, ancien directeur du Service de protection des hautes personnalités.
“Lorsqu’un Premier ministre quitte Matignon, il est quand même logique d’avoir une sécurité. Mais pendant 30 ans? Je ne pense pas. D’ailleurs certains dont j’avais réussi à supprimer la sécurité en 2012, et quand le président Hollande a été élu, la personnalité l’a appelé tout de suite en disant, j’aimerais que tu me remettes ma sécurité, alors que ce n’était pas du tout justifié. Il y a des personnalités qui coûtent à l’Etat 200.000 à 300.000 euros par an. C’est important que les personnalités politiques montrent qu’elles font un effort”, indique-t-il.
Une première mesure symbolique donc bien accueillie par les Français comme Hedi, cadre dans l’Essonne.
“Je pense que Sébastien Lecornu a pris la mesure des remontées des Français. Dans le monde de l'entreprise, quand on mène une conduite du changement, l'exemplarité est essentielle. Donc je pense qu’au plus haut niveau de l’Etat, on se doit de montrer l’exemple lorsqu’on conduit les finances de l’Etat”, indique-il.
Une première étape, mais encore insuffisant?
Mais d’autres estiment que c’est encore trop peu. “C’est un peu une goutte d’eau dans l’océan. Je pense qu’il pourrait le faire aussi pour les députés, les sénateurs, les hauts-fonctionnaires. Je pense que ces gens-là ont aussi des avantages. Moi je suis pour qu’ils gardent un salaire décent, mais c’est quand même notre argent et on nous répète tout le temps que le pays est en faillite. Moi, j’ai une entreprise de transports, si demain mon entreprise est en faillite, je ne vais pas m’amuser à prendre un petit chauffeur ou quoi”, assurait ce mardi matin sur RMC Romain, chef d’entreprise en Haute-Savoie.
Un avis partagé par Abel Boyi, responsable associatif et chroniqueur des Grandes Gueules. "Pour moi, il ne va même pas assez loin, il fallait tout sucrer. Il fallait supprimer tous les avantages. Et ensuite, il faut que ce ne soit qu’une première étape. Il faut s'attaquer aux 1.200 agences qui nous coûtent 80 milliards. Il faut s’attaquer aux 70.000 fonctionnaires qui gagnent plus de 15.000 euros par mois.
Matignon a expliqué que le gouvernement a préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.