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Les cheveux des sénateurs contaminés au mercure et à plusieurs polluants

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Le Sénat. - LIONEL BONAVENTURE / AFP

INFO RMC. Les cheveux de 26 sénateurs socialistes volontaires ont été analysés par un laboratoire spécialisé pour rechercher une présence de polluants et de métaux. Les résultats sont sans appel: la totalité d'entre eux sont, par exemple, contaminés au mercure.

Métaux lourds, terres rares, pesticides, perturbateurs endocriniens… Les cheveux de 26 sénateurs socialistes volontaires ont été passés au crible par le laboratoire spécialisé toxSeek et les résultats sont édifiants, révèle le service politique de RMC.

Ces analyses ont été réalisées à l’initiative de l’élue du Lot Angèle Préville. Concrètement, il y a quelques mois, ces sénateurs ont accepté de donner une petite mèche de 3 cm, ce qui permet de remonter à trois mois d’exposition à divers polluants. Au total, le laboratoire a recherché 1.800 produits toxiques et 49 métaux.

Les sénateurs ont eux même été surpris de leur niveau d’exposition. La totalité des 26 parlementaires sont, par exemple, contaminés au mercure. Ce métal lourd est présent, entre autres, dans l’environnement et dans le poisson que l’on peut manger.

Une utilisation importante et régulière d’outils de communication

La présence de terres rares a aussi été détectée, en quantité plus importante que la moyenne, chez 93% des sénateurs. Ces terres rares proviennent des appareils électroniques et leur présence dans l’organisme peut entraîner des symptômes d'électrosensibilité: une intolérance aux champs magnétiques qui provoque des maux de tête, de la fatigue ou des troubles du sommeil. 

"Cette prévalence supérieure à la population générale peut être expliquée par l’utilisation importante et régulière d’outils de communication (téléphone portable, ordinateur portable, tablette), déplacements réguliers en train… sources de champs électro-magnétiques", est-il précisé dans le document reprenant les résultats.

Chacun des 26 sénateurs est également exposé à au moins un pesticide. 45 différents ont été retrouvés, dont certains aujourd’hui interdits, mais toujours présents dans les échantillons. 

Enfin, des phtalates, des produits chimiques présents dans les matières plastiques, ont été identifiés chez 69% de ces élus. Ces produits sont des perturbateurs endocriniens qui peuvent avoir des effets sur la fertilité par exemple. 

"Il a fallu digérer" les résultats

C’est pour créer un électrochoc que la sénatrice Angèle Préville explique avoir lancé cette initiative. D’ailleurs pour certains élus, "il a fallu digérer" ces résultats, raconte-t-elle. En avoir dans les cheveux, cela veut sans doute dire en avoir dans l’organisme. Certains de ces polluants sont susceptibles d’être cancérogènes, d’autres peuvent avoir un impact sur le système nerveux. Si les sénateurs sont exposés, alors le reste de la population l’est probablement aussi. 

L’étude permet aussi de tirer des enseignements sur les modes de vie de chacun. Les élus ruraux sont moins contaminés que les autres, les pesticides sont détectés en moins grande quantité chez ceux qui déclarent manger bio, et il y a moins de terres rares chez les sénateurs les moins accros au téléphone ou aux écrans. 

Plusieurs de ces parlementaires ont accepté de refaire le test dans quelques mois, en changeant d’ici là leurs habitudes, pour en mesurer les effets. 

Pour les sénateurs socialistes, il s’agit d’en faire un outil de sensibilisation, sur l’impact des pesticides et des plastiques sur nos organismes.  Le président du groupe Patrick Kanner aimerait que cela serve de base à un travail plus large qui pourrait être lancé à l'automne, après les élections sénatoriales.

Sébastien Krebs et Romain Cluzel