Les manifestants "complices passifs" des casseurs? La phrase polémique de Gérard Collomb
La polémique. Les propos du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui a invité les manifestants à se départir de "leur passivité" face aux "casseurs", a suscité dimanche des réactions outrées à la gauche de la classe politique.
Samedi, au soir de la "marée populaire", Gérard Collomb avait déploré sur BFM TV la "passivité" des manifestants devant les violences qui se sont produites lors d'une intervention des forces de l'ordre contre des militants des "Black blocs".
Des propos qui ont créé une vague d'indignation à gauche. Les élus dénoncent une remise en cause du droit de manifester. "Un déni démocratique inadmissible" selon la députée France insoumise Clémentine Autain. Le ministre de l'Intérieur "n'est plus aujourd'hui à la hauteur de sa fonction" estime de son côté le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
Ce n'est pas aux manifestants de faire le travail de la police, rappelle Aurélie Trouvé, porte parole d'Attac, scandalisée. "Ce sont des propos diffamatoires qui jettent de l'huile sur le feu, qui sont stigmatisant envers l'ensemble des manifestants. Les manifestants avec des poussettes devaient-ils gérer les problèmes? Ce qui est étonnant, c'est qu'il sorte ça alors qu'il n'y a quasiment pas eu de problème de notre point de vue. Comme celui de la préfecture avec qui nous étions en lien pendant toute la manifestation. C'est évidemment de la responsabilité du gouvernement et en particulier du ministère de l'Intérieur d'assurer la sécurité publique et pas la nôtre".
"Gêner l'intervention des forces de l'ordre"
En réalité, les manifestants ne sont pas "complices" des casseurs, estime Stanislas Gaudon, du syndicat de police Alliance, mais en restant à proximité des affrontements, ils peuvent gêner le travail des forces de l'ordre.
"On parle de passivité ou le fait de rester à proximité de ces groupuscules et de gêner l'intervention des forces de l'ordre, soit pour exfiltrer soit interpelles les fauteurs de troubles. Elles ne peuvent pas le faire dans de bonnes conditions parce que trop de personnes sont entre les black blocs et les forces de sécurité. Ce sont des personnes qui sont au coeur de la manifestation, pas vêtues de noir et qui restent près des black blocs"
Malgré la polémique, Gérard Collomb n'a pas retiré ses propos. Sur Twitter, dimanche, il a même une nouvelle fois dénoncé la porosité du cortège avec les "black blocs".