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"Les Préfets, ou la mainmise de Paris sur la province"

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François Bayrou était mardi à Chartres pour annoncer une réforme de l’administration territoriale. Avec en ligne de mire un renforcement et un élargissement du pouvoir des préfets. Et pour l’écrivain Arthur Chevallier, c’est le retour de l’État.

Traduisons ce que dit le Premier ministre: quand on augmente le pouvoir des préfets, ça veut surtout dire qu’on augmente le pouvoir de Paris dans les provinces. C’est ce qu’on appelle une reprise en main.

Mais au fond ça sert à quoi un préfet? Un préfet, c’est un représentant officiel de l’État. La France est un pays très centralisé, donc chez nous, c’est une institution. Dès la fin du XVIe siècle, il y avait ce qu’on appelle des intendants. C’était exactement comme des préfets. À l’époque, la France n’était pas divisée en départements, mais en Généralités. Et vous aviez des intendants dans toutes les généralités. Ils étaient nommés par le roi et ils lui obéissaient directement.

Plus de pouvoir qu’aujourd’hui

Ces intendants étaient très autoritaires, et la population les détestait. Donc sous la Révolution française, on supprime les intendants. On en profite aussi pour réorganiser la France. On crée les départements. Au début, il y en avait 83. Et là, Napoléon arrive, et en 1800 il crée un corps de fonctionnaires d’élite: les préfets. Pour Napoléon, c’était un des postes les plus importants. Les préfets sont ses représentants officiels dans les provinces. Ils les nomment personnellement. Désobéir à un préfet, c’était désobéir à l’empereur. Ce qui évidement n’était pas conseillé.

Ils avaient beaucoup de pouvoir, c'étaient déjà les chefs de la police dans les départements, comme aujourd’hui. Mais ils avaient un pouvoir en plus: c’est eux qui nommaient les maires et les maires adjoints des villes de moins de 5.000 habitants. Pour les grandes villes, vous ne pouviez pas devenir maire si le préfet n’était pas d’accord. Donc en clair, ils avaient tout pouvoir ou presque pour les nominations.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Chevallier remonte le temps : Les préfets, ou la mainmise de Paris sur la province - 09/07
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Comment va évoluer la fonction?

Petit à petit les préfets vont s’installer dans le paysage. Et leurs missions vont se diversifier. Certains ont même marqué notre quotidien. Comme le préfet Hausmann. Au XIXe siècle, c’est lui qui organise la modernisation de Paris, les grands travaux qui feront d’elle une grande capitale. Autre préfet légendaire: Eugène Poubelle. En 1883, il oblige les propriétaires parisiens à avoir un récipient pour les ordures ménagères. Il impose aussi la collecte des déchets. C’est donc à lui qu’on doit la généralisation de ce qu’on appelle depuis et en son honneur une poubelle.

Et aujourd’hui, les préfets, c’est toujours aussi important. D’ailleurs, ils sont toujours directement nommés par le président de la République. Ils décident beaucoup de choses en matière de police. François Bayrou dit qu’il veut augmenter leur pouvoir pour simplifier le fonctionnement de l’État. Si l’État était capable de simplifier quoique ce soit, on serait au courant. C’est surtout le signal de plus d’autorité et de plus d’ordre. Et après tout, pourquoi pas?

Arthur Chevallier