Les tensions avec l'Algérie au coeur du comité interministériel de contrôle de l'immigration

Les ministres se réunissent pour aborder le thème de la stratégie française de contrôle de l’immigration ce mercredi après-midi à 14H à Matignon, sous la houlette du Premier ministre François Bayrou.
Un CICI ou comité interministériel de contrôle de l'immigration, il n'y en avait pas eu depuis 2019 avec Édouard Philippe. Le chef du gouvernement le relance donc, comme il l'avait annoncé dans sa déclaration de politique générale du 14 janvier dernier. Une réunion prévue depuis plusieurs semaines, mais qui prend un relief particulier quelques jours après l'attentat de Mulhouse et les tensions déjà fortes encore ravivées entre Paris et Alger.
Autour de François Bayrou une dizaine de ministres. Celui de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de la Justice... Et un objectif: mieux maîtriser les flux migratoires. Il sera donc question de contrôle d'éloignement à Mayotte, ou dans la Manche et de règles européennes.
Mais c'est bien le sujet Algérien et les expulsions mises en échec qui aura une place toute particulière. "On a besoin d'une ligne commune" réclame-t-on dans l'entourage d'un ministre alors qu'une fracture se crée dans le gouvernement. La stratégie du bras de fer contre celle de la diplomatie. "Tout le monde doit se parler, mais c'est compliqué" reconnaît un conseiller de Matignon.
Une réduction du nombre de visas?
Alors faut-il s'attendre à des décisions, notamment une réduction des visas? François Bayrou a en tout cas prévu de s'exprimer. Mais les regards sont déjà tournés vers l'Élysée, car en effet, nombres de ces sujets sont des prérogatives présidentielles.
Si l'Algérie bloque le retour sur son territoire de certains de ces ressortissants, quelle est la réalité des OQTF concernant ce pays ? Les expulsions de ressortissants algériens ne sont pas à l'arrêt d’après le gouvernement. Environ 2500 ont été effectués en 2024, mais pour certains profils avec un lourd passé judiciaire, l'Algérie ne donne quasiment jamais suite.
“L'Algérie n’a pas envie de récupérer des personnes avec un lourd passé judiciaire, des problèmes psychiatriques ou des personnes qui sont connus pour terrorisme”, indique Frédéric Lauze, secrétaire général du syndicat des commissaires de police.
Pour permettre leur retour, les autorités algériennes doivent délivrer des laissez-passer consulaires, chose qu'elle refuse de faire.
“Ne pas délivrer un laissez-passer consulaire n’est pas normal. Ça relève d’une absence de coopération qui est liée non pas à un problème technique, mais en l’espèce à des problèmes purement diplomatiques et politiques”, appuie Frédéric Lauze.
Parmi les pistes qui pourraient être examinées lors du conseil interministériel aujourd'hui la révision de l’accord franco-algérien de 1968 ou la réduction du nombre de visas octroyés à l'Algérie.