Christophe Gleizes emprisonné en Algérie: les reproches de Franck Annese à Bruno Retailleau

Les tensions se multiplient entre la France et l'Algérie. Et un sujet empoisonne depuis des mois les relations entre les deux pays: le cas de deux ressortissants français, l'écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes, tous les deux emprisonnés en Algérie.
Ce dernier, âgé de 36 ans, journaliste indépendant travaillant régulièrement pour le magazine SoFoot, est passionné de foot africain et notamment de foot algérien. Il a été condamné le 29 juin à 7 ans de prison ferme par la justice algérienne pour apologie du terrorisme et possession de publication dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national.
Aujourd'hui, Christophe Gleizes est en prison à Tizi Ouzou: "On a peu de nouvelles, c'est son avocat qui nous en fait parvenir", explique ce jeudi sur RMC Franck Annese, fondateur de SoPress, qui regroupe les titres comme SoFoot et Society. "Il est dans une cellule de 10m² qu'il partage avec un codétenu. Il a le droit à deux fois deux heures de promenade par jour et lit beaucoup".
Des accusations "absurdes"
Les autorités algériennes lui reprochent d’avoir eu des échanges entre 2015 et 2017 avec le président du club de foot de Tizi Ouzou, le JS Kabylie, aussi responsable du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), un mouvement indépendantiste kabyle classé organisation terroriste par les autorités algérienne depuis 2021.
"Le qualificatif d'apologie du terrorisme est absurde par rapport aux activités", déplore Franck Annese. "C'est un journaliste sportif qui parle de sport et a interviewé dans le cadre de ses sujets le dirigeant de la JS Kabilye", déplore-t-il.
Pour lui, Christophe Gleizes est un dommage collatéral des tensions entre Paris et Alger:
"Il se retrouve dans un imbroglio diplomatique, je ne vois pas pourquoi il serait en prison si il n'y avait pas de tensions entre la France et l'Algérie".
"Les interviews ne portaient pas du tout sur l'indépendance de la Kabylie. Christophe, au-delà de ne jamais avoir eu de pensées contre l'Algérie, n'a jamais eu de textes prônant l'indépendant de la Kabylie. Ce n'est pas son combat, il fait des papiers de foot", insiste Franck Annese.
Déclarations de Retailleau: "J'ai l'impression que ça met plutôt en danger notre journaliste qu'autre chose "
La France appelle depuis des semaines à sa libération et celle de Boualem Sansal sans résultat à ce stade. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau se montre de plus en plus offensif sur le sujet à l'égard d'Alger, face au président de la République Emmanuel Macron et affirme que la "diplomatie des bons sentiments a échoué".
Dans ces conditions, Christophe Gleizes pourrait être une forme de "punition" de l'Algérie par rapport à la France juge Franck Annese: "Il y a des tensions vives entre les deux pays et on a l'impression que pour marquer le coup, il y a un journaliste sous la main on lui met 7 ans de prison et tant pis pour vous", déplore-t-il.
"On demande aux autorités françaises de se bouger le plus possible, de reprendre les discussions avec l'Algérie et apaiser les tensions avec Alger. Je ne sais pas comment ça se joue en haut-lieu, mais ce qui est sûr c'est que les déclarations de Bruno Retailleau sur l'Algérie à mon avis ne vont pas dans le sens d'un apaisement des relations. J'ai l'impression que ça met plutôt en danger notre journaliste qu'autre chose", regrette-t-il.