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Lutte contre la corruption: la France doit mieux faire

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h20 sur RMC.

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L’ONG Transparence International (TI) publie un bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy en matière de transparence et d’intégrité. Sa lecture montre qu’en matière de lutte contre la corruption, la France doit mieux faire.

C’est une question de morale et de cohérence. Le discours politique est rempli d’appels aux principes et d’incantations vertueuses qui, hélas, ne se traduisent pas toujours dans les faits. A chaque élection, les candidats promettent que l’éthique sera une priorité, que la justice aura plus de moyens et que les élus donneront l’exemple. Le simple fait qu’ils le répètent tous au fil des ans et des scrutins prouve qu’il reste beaucoup à faire. Ça ne veut pas dire qu’il faut désespérer. Tout le monde a compris qu’on est encore loin de la « République irréprochable » annoncée en 2007 par N. Sarkozy ; mais le rapport de TI donne plus de bons points qu’on aurait (peut-être) pu s’y attendre. Même s’il lui en donne un peu plus de mauvais.

Quels sont les principaux reproches et les motifs de satisfaction ?

Parmi les bons points : l’engagement de N. Sarkozy contre les paradis fiscaux, les vrais progrès en matière d’accès des citoyens aux informations qui portent sur les marchés publics, les comptes des administrations et des collectivités, le financement des partis. Le rapport souligne aussi que c’est N. Sarkozy qui a ouvert les portes de l’Elysée à la Cour des comptes pour qu’elle contrôle le train de vie de la présidence. Ce qui ne mérite pas de compliment, en revanche, ce sont les atteintes à l’indépendance de la justice et – plus encore – la diminution des moyens accordés aux services spécialisés dans la lutte contre la délinquance financière. En 2007, N. Sarkozy avait formellement promis le contraire.

Ce sujet doit-il être abordé dans une campagne présidentielle ?

Pas forcément : s’il y avait un consensus sur la nécessité de lutter contre la corruption, ce ne serait pas utile. En réalité, s’il y a un accord dans la classe politique sur le sujet, c’est pour en parler le moins possible. Cette campagne est focalisée sur l’argent, mais on ne parle que de la fiscalité, de la fraude sociale et des taux de TVA, pas des conflits d’intérêts ni de la surveillance de l’argent public, domaines dans lesquels la France a du retard – nous sommes le seul pays dans lequel on peut nommer ministre d’Etat un homme qui a été condamné pour financement occulte de parti (A. Juppé). Le débat politique tourne autour de la question de savoir qui est riche. On aimerait être sûr aussi de savoir qui est intègre – et qui ne l’est pas. Parce qu’il faut bien sûr éviter le piège du « tous pourris ». Mais il ne faut pas non plus tomber dans le « tous ravis ».

Cela veut-il dire que le monde politique est plus corrompu qu’on ne veut bien l’admettre ?

Il l’est moins que les Français ne le croient… et plus que les élus ne le disent. La corruption va avec la démocratie. Les citoyens l’admettent à condition qu’il existe des règles, des sanctions et des procédures qui fonctionnent. La meilleure arme contre les dérives du pouvoir et de l’argent, c’est le contrôle. Dans notre pays, c’est ce qui marche le moins bien. La curiosité du Parlement est tributaire des rapports de forces partisans et les grands corps de l’Etat restent trop déférents envers le pouvoir – et au passage, on est en train de démanteler les chambres régionales des comptes, pour le plus grand soulagement des élus locaux. Un symptôme de plus d’une pathologie bien française : les élus ne veulent pas qu’on les soupçonne mais ils ne font pas tout pour être insoupçonnables.

Ecoutez ci-dessous le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce vendredi 2 mars 2012 :

Hervé Gattegno