Macron a-t-il raison de comparer le climat actuel en Europe et celui des années 1930?

Avant les commémorations du 11-Novembre, Emmanuel Macron se dit "frappé" par la ressemblance entre la situation actuelle en Europe et celle des années 1930. A-t-il raison? Ca fait débat sur RMC.

Il appelle à "être lucide" et à "résister". Dans un entretien à Ouest-France, Emmanuel Macron se dit "frappé" par la ressemblance entre la situation actuelle en Europe et celle des années 1930. 

"Dans une Europe qui est divisée par les peurs, le repli nationaliste, les conséquences de la crise économique, on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après Première Guerre mondiale à la crise de 1929", explique-t-il à quelques jours des commémorations du 11-Novembre, qui marque le centenaire de l'armistice de la guerre 1914-1918.

"Il faut l'avoir en tête, être lucide, savoir comment on y résiste", en "portant la vigueur démocratique et républicaine", selon lui. "L'Europe est face à un risque: celui de se démembrer par la lèpre nationaliste et d'être bousculée par des puissances extérieures. Et donc de perdre sa souveraineté" explique-t-il. 

Emmanuel Macron peut-il ainsi comparer les deux époques? Pour le professeur David Lusseau de l'universite d'Aberdeen, en Ecosse, le Président à raison sur toute la ligne: 

"Ca fait 10 ans qu'on rame et bien sûr nos diables ressortent des trous noirs. Nous rejouons le même film que nous avons vu dans les années 1930. Il faut juste espérer de changer la fin. J'aurai voulu que ce genre de déclaration, très lucide, très claire, intervienne bien avant que maintenant".

"Il y a beaucoup de divergences entre aujourd'hui et les années 1930. On n'est pas dans le même monde économique. La crise des années 1930 est extraordinairement profonde et l'Europe n'existe pas" critique pour sa part l’historien Nicolas Offenstadt sur RMC.

"On n'est pas dans le même cas de politique, on n'est pas dans le même cadre économique ni même pas dans le même rapport de forces. Là où on peut dire que c'est intéressant de réfléchir entre hier et aujourd'hui, ce sont les situations de basculement: à quel moment tout un ensemble de tensions peuvent faire basculer une région, un pays dans un régime politiquement délétère?" analyse-t-il.

Emmanuel Macron est surtout bien dans son rôle politique, estime un politologue: opposer les progressistes - qu’il incarne - face à la montée des nationalistes, en Italie et en Hongrie notamment… Tout cela à quelques mois des élections européennes.

Jean-Baptiste Bourgeon & XA