Made in France: "La gauche est passée à côté de la Nation", juge Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg, la politique, ce n'est plus son affaire, a-t-il martelé ce vendredi sur RMC. "Mes responsabilités sont entrepreneuriales". Ce qui n'a pas empêché toutefois l'ancien ministre de l'Economie sous François Hollande de critiquer la gauche, "sa famille historique", pour "être passée complètement à coté de la Nation".
Le chantre du Made in France, qui s'est lancé depuis plusieurs années dans l'apiculture avec son entreprise Bleu Blanc Ruche, était l'invité des Grandes Gueules, en direct justement du Salon du Made in France (MIF), qui se déroule jusqu'à lundi au parc des expos, à Paris.
Une "idéologie libérale" qui nuit à l'industrie française
Il l'a répété à l'envi: "Je ne fais plus de politique, j'ai cette chance. Ça ne me concerne plus, ces affaires!" Celui qui avait pourtant lorgné sur la présidentielle il y a encore deux ans de cela, se place désormais en défenseur de l'industrie française et du "patriotrisme économique".
Et si l'économie et l'industrie française vont mal, pour Arnaud Montebourg, c'est de la faute du système politique et de ses dirigeants. "Il y a un problème sociologique. Ce sont toujours les mêmes, fabriqués en moule, et qui répètent toujours les mêmes choses apprises dans les mêmes écoles", a-t-il affirmé.
"Il y a une idéologie libérale de nos dirigeants successifs, de droite ou de gauche. J'étais dans un gouvernement avec des dirigeants libéraux. Monsieur Hollande était un libéral, monsieur Macron est un libéral", déclare Arnaud Montebourg.
Gauche, droite, à entendre l'ancien socialiste, c'est du pareil au même concernant la conception de l'économie et la défense des entreprises: "Il y a une homogénéité dans les choix. C'est toujours pareil. Il n'y a pas de gens qu'on accepte qui viendraient perturber ces schémas", fustigeant une "idéologie dominante" qui serait impossible à "franchir", avec l'idée qu'il ne "faut pas mettre les mains dans l'économie".
Record de faillites d'entreprises
Selon les données du cabinet Altarès, relayées par Le Figaro en octobre, le niveau record des 66.000 défaillances d'entreprises sur les 12 derniers mois vient ainsi d’être franchi. Un chiffre qui dépasse celui atteint lors de la crise des subprimes entre 2008 et 2009, a rappelé Arnaud Montebourg.
L'apiculteur a pointé des factures d'électricité devenues trop lourdes pour les entreprises mais surtout des "erreurs de choix de politique européenne". Là encore, Arnaud Montebourg n'a pu s'empêcher de revenir à la politique. "La gauche est passée complètement à coté de la Nation".
Car pour l'ancien candidat à la présidentielle de 2012 et 2017, seule la Nation peut permettre un "appareil productif fort", et surement pas "l'UE, le monde ou l'OMC". "Le financement de l'économie n'est pas bon en France, il est trop destructeur, pas suffisament optimiste". Plus de politique mais, tout de même, le patron de Bleu Blanc Ruche s'est permis à une proposition: "Il faut réformer les banques".
La construction européenne, "un concept abstrait" selon Montebourg
Arnaud Montebourg a même remonté le temps jusqu'en 1981, citant l'ancien président socialiste François Mitterrand. "Un jour, Mitterrand nous a dit: 'On va préferer quelque chose de plus abstrait, un concept, la construction européenne'", s'est-il souvenu, avant de poursuivre: "On l'a suivi puis on s'est aperçu qu'on pouvait accepter de construire l'Europe si on n'abandonnait pas la Nation. Or, on l'a trop abandonnée, c'est la gauche qui a fait l'impasse sur la question."
Mais l'ancien ministre s'est voulu optimiste. Selon lui, le Made in France progresse et est devenu "un mouvement de société". "Les consommateurs votent avec leur carte bleue", a-t-il soutenu, avant de se lancer dans une tirade enflamée: "Le patriotisme, c'est l'amour de siens, il n'y a pas de haine, c'est de la construction, ce n'est que du positif, des mains qui se tendent, des gens qui se mettent ensemble!"
Clamant de nouveau ne plus être "dans cette affaire", comprenez la politique, Arnaud Montebourg l'a affirmé, sûr de lui: "Je n'ai trahi personne, je suis resté moi-même, pardonnez-moi!".