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Meeting de Macron: "Il est animé par des préoccupations bassement politiciennes"

Emmanuel Macron en meeting à Strasbourg

Emmanuel Macron en meeting à Strasbourg - PATRICK HERTZOG / AFP

REACTIONS - Introduction de la proportionnelle, institution d'un compte rendu de mandat annuel du président de la République devant une commission de citoyens, approfondissement de la politique de non-cumul… En meeting ce mardi à Strasbourg, Emmanuel Macron a dévoilé de premières pistes pour répondre au "malaise démocratique".

Un début de programme pour Emmanuel Macron. Fustigeant une démocratie qui "manque d'adhésion", une "démocratie d'irresponsabilité" et une "démocratie perçue comme inefficace", celui qui n'est pas encore candidat à l'élection présidentielle a présenté ce mardi, en meeting à Strasbourg, ses "pistes pour répondre au malaise démocratique" et parler à la "France qui subit". Il dit avoir identifié trois "causes profondes" du malaise démocratique et trois axes de réflexion.

1. La démocratie est "rejetée, c'est le sujet de la "représentation et de l'association des citoyens à la vie politique". Emmanuel Macron propose donc une dose de proportionnelle, surtout pour faire de l'ombre au FN qui profiterait du système électoral actuel car "on ne règle pas la difficulté démocratique que pose par exemple la présence du Front national dans la représentation de notre pays, en l'excluant. Au contraire, on les renforce".

Une nouvelle insulte contre le FN et les Français qu'il représente, s'indigne sur RMC, Nicolas Bay, secrétaire général du Front national: "On voit bien que ce n'est pas le souci d'une véritable démocratie qui l'anime mais uniquement des préoccupations bassement politiciennes. Ce qui l'inquiète, comme tous les autres, c'est la montée inexorable du FN alors qu'il devrait avoir comme première préoccupation que la démocratie vive. Quand il propose une dose de proportionnelle, il n'a pas bien compris car la véritable démocratie consiste justement à établir une proportionnelle intégrale, à faire en sorte que tous les Français soient également représentés à l'Assemblée nationale".

2. La "responsabilité" des élus devant les citoyens. L'essentiel, c'est la "clarté de l'engagement initial", avec un engagement sur "10 ou 12" orientation phares. Emmanuel Macron souhaite que sur cette base "un compte rendu soit fait par le président de la République à une commission de citoyens sur la mise en œuvre de ses engagements tous les ans", "la commission étant aidée par la Cour des comptes".

Pour Pierre Person, président des Jeunes avec Macron, la création de cette commission de citoyens permettrait un renforcement du suivi des engagements pris par le président. "Le but c'est de rapprocher à la fois le politique et la société civile, estime-t-il. Aujourd'hui, la société civile n'est pas entendue dans la sphère publique, en tout cas ne croit plus en la politique. C'est donc une bonne chose que le politique rende des comptes aux citoyens pendant son mandat. Il faut que le président comprenne les desiderata des citoyens, qu'il sache accompagner son action de ce que veulent les Français".

Mais pour Eric Alt, vice-président de l'association Anticor, une association en faveur de la transparence de la vie politique, cette commission serait néfaste pour la démocratie. "Placer une commission de citoyens à ses côtés en situation de lui poser des questions, cela signifie qu'une partie des pouvoirs et de la responsabilité du gouvernement va définitivement être du ressort du président de la République, assure-t-il. Cela signifie aussi que le président a réponse à toutes ces questions. On accentuerait donc l'hyperprésidence et je ne pense pas que la démocratie puisse gagner beaucoup à cela".

3. "L'efficacité". Emmanuel Macron veut promouvoir "un vrai principe d'autonomie et de déconcentration" en confortant la "décentralisation". Pour cela, il envisage la délégation à des acteurs du secteur privé et de la société civile de certaines missions de service public. L'Etat resterait le garant, définirait les règles à appliquer, mais déléguerait leur mise en œuvre.

Maxime Ricard avec Quentin Pommier