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Michèle Rubirola, la maire qui ne voulait pas devenir maire

LE PORTRAIT DE POINCA - Elle est devenu en juillet la première femme maire de Marseille, succédant  à Jean-Claude Gaudin et à Gaston Deferre. Un poste dont tout le monde rêve, sauf elle.

Michèle Rubirola, la maire de Marseille a annoncé sa démission mardi. Michèle Rubirola, c'est une femme qui n’aimait pas le pouvoir. Elle a renoncé à ses fonctions de maire officiellement pour raisons de santé mais en disant qu’elle espère devenir, maintenant, premier adjoint. Elle avait déjà confié qu’elle préférait être "maire, bis". Ou bien maire adjoint à la santé. 

Une enquête du Monde, il y a deux mois, avait déjà révélé qu’elle ne s’était pas installée dans le bureau du maire, immense bureau face au vieux port. Elle trouvait le décor trop chargé, le poids de l’histoire trop lourd. Elle préférait recevoir ses invités dans une petite salle à manger.

L'enquête du Monde avait surtout appris aux Marseillais qu’à peine élue, elle avait confié à un candidat au poste de directeur de cabinet : "Tu sais de toute façon, je ne reste que trois mois". Étonnante confidence qui montre que Michèle Rubirola est arrivée au sommet sans l’avoir vraiment voulu.

Une maire qui n'aime pas prendre la parole en public

C'est une enfant de Marseille, petite fille d’immigrés italiens. Ses deux parents travaillaient à la sécu. Elle quitte le domicile familial à 17 ans, mais réussit tout de même à faire médecine. Elle est major de sa promo mais rebelle et refuse de passer l'internat. A 26 ans, elle a déjà son cabinet de généraliste en ville. Puis elle va rapidement partir travailler dans un dispensaire dans les quartiers populaires. Médecin des pauvres et militante associative, elle préside une association qui s’occupe des sans-abris, trouve des logements sociaux pour les exclus.

Parallèlement, elle milite chez les écolos. Elle est maire-adjointe de son secteur, se présente aux régionales et puis, on vient la chercher lors des dernières municipales. Une grande coalition de gauche se dessine, le Printemps marseillais. 

Il faut une personnalité consensuelle pour la diriger et ce sera elle. Et la suite, c’est une surprise : elle gagne. Elle devient en juillet la première femme maire de Marseille, elle succède à Jean-Claude Gaudin et à Gaston Deferre. Un poste dont tout le monde rêve. Sauf elle. Elle n’est pas une professionnelle de la politique, elle n’aime pas parler en public, elle doute d'elle-même. Elle préfère s’effacer et laisser la place à son premier adjoint, Benoît Payan, qui lui est un apparatchik socialiste, qui aime le pouvoir, qui occupera s’il est élu l’immense bureau du maire. Sans le trouver trop grand pour lui…

Nicolas Poincaré