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Nicolas Sarkozy évoque sa défaite

Nicolas Sarkozy confiait récemment : « Si je suis battu, tout s’arrête. Si je suis élu, ça s’arrêtera aussi, dans cinq ans. De toute façon je suis au bout… ».

Nicolas Sarkozy confiait récemment : « Si je suis battu, tout s’arrête. Si je suis élu, ça s’arrêtera aussi, dans cinq ans. De toute façon je suis au bout… ». - -

Comment va Nicolas Sarkozy ? Je vous pose la question car on sait qu’à droite le moral est en berne depuis quelques jours, à cause de l’écart qui sépare dans les sondages François Hollande de Nicolas Sarkozy. A cause aussi du premier meeting réussi de François Hollande dimanche au Bourget.

Il y a un mois, Nicolas Sarkozy confiait à l’ancien chancelier allemand Gérard Shröder : « Sur le papier j’ai perdu cette élection. Mais nous traversons une crise exceptionnelle. Et avec Hollande, qui n’a jamais exercé le pouvoir, cela me donne une petite chance ». C’est Le Figaro ce mardi matin qui raconte la scène.
Et un sondage ce matin semble donner raison au Président. Un sondage BVA pour Le Parisien dans lequel les personnes interrogées sont 46% à juger que le Président sortant a "une stature de président de la République", contre 39% pour le candidat socialiste.
Nicolas Sarkozy qui se dit serein : « Si je suis battu, tout s’arrête. Si je suis élu, ça s’arrêtera aussi, dans cinq ans. De toute façon je suis au bout. Pour la première fois, je suis confronté à la fin de ma carrière », confiait récemment le Président.

Une fin de carrière… Ce n’est pas très rassurant pour la droite qui, elle, a peur de perdre aujourd’hui.

Oui c’est vrai. J’ai fait la tournée des popotes hier : l’ambiance est plutôt morose dans les rangs du gouvernement et de la majorité. Tout le monde a été bluffé par le meeting de Hollande. Jean-François Copé a admis hier avoir pris la mesure de « ce qu’est la mobilisation du côté gauche de l’échiquier politique. Sur la forme, Hollande a fait un très bon coup. Son meeting était très bien fichu. Il nous a surpris ».
De toute façon ça fait dix jours que la droite s’inquiète. La remontée de Sarkozy dans les sondages s’est interrompue. La baisse de Hollande n’a pas eu lieu. Bref les courbes qui devaient se croiser s’éloignent maintenant. « On a quinze jours pour se refaire, sinon c’est cuit ! », s’inquiète un ministre. C’est ce que vont lui dire, tout à l’heure, les principaux responsables de la majorité au cours du traditionnel petit déjeuner du mardi à l’Elysée.

Oui mais Nicolas Sarkozy a déjà prévu ce qu’il allait leur répondre.

« On ne change rien », va leur expliquer dans une heure le Président. Il ne sera pas candidat avant début mars. « Que ceux d’entre vous qui veulent me donner des conseils se souviennent que j’ai déjà gagné une campagne présidentielle ».
Ce n’est pas faux. D’ailleurs je me souviens en décembre 2006 de certains ministres qui m’expliquaient que la droite avait perdu et que Nicolas Sarkozy n’avait aucune chance de l’emporter en mai. J’ai les noms ! Et Nicolas Sarkozy, lui, croit encore en sa victoire. Commentaire du Président il y a quelques jours : « C’est moi qui ai tout en tête, personne n’y comprend rien et c’est tant mieux… », avant d’ajouter dans un éclat de rire : « parfois moi non plus j’y comprends rien ! ».

C’est un peu inquiétant…

Ce qui est inquiétant pour la droite, c’est que Nicolas Sarkozy refuse de confier son plan d’attaque et de reconquête. Le Président s’amuse à brouiller les pistes. En conseil des ministres, il leur parle des films qu’il regarde chaque soir. Il y a quelques semaines, il leur a fait une leçon de cinéma sur les films de Robert Bresson. Terminant par un grand soupir : « Evidemment aucun d’entre vous n’a vu de films de Robert Bresson ». Seule une petite voix a protesté au bout de la table, celle de Roselyne Bachelot qui partage avec le Président cette culture d’initiés…
Mais ceux qui le connaissent ne sont pas tout à fait dupes de cette métamorphose en homme zen et tranquille. « Il ne renoncera jamais », me confie l’un d’eux. « Dans sa tête, tout est prêt pour la reconquête. Et si jamais il perdait en 2012, il ne se transformera pas en Clinton ou Gorbatchev, en faisant des conférences à travers le monde, pour gagner de l’argent. S’il perd, il aura 2017 en ligne de mire, avec pourquoi pas la mairie de Paris en 2014 comme première étape de la reconquête… ».
Tout cela nous emmène un peu loin mais ce qui est sûr c’est qu’on n’a pas fini d’entendre parler de Nicolas Sarkozy !

Pour écouter la chronique de Christophe Jakubyszyn, "Les coulisses de la politique" de ce lundi 23 janvier à 7h20, cliquez ici.

Christophe Jakubyszyn