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"On est en première ligne": les agressions de maires sont toujours plus nombreuses

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Les maires sont de plus en plus agressés et assurent constater une augmentation du climat de violence en France. Sur RMC, le maire de Mantes-la-Jolie (Yvelines), Raphaël Cognet, explique qu'il va réclamer ce mercredi plus de pouvoir pour les élus locaux pour remédier à cela.

Les agressions contre les maires se multiplient dans le pays. Le ministère de l'Intérieur table sur une nouvelle hausse en 2023, alors que le chiffre avait bondi en 2022. 15% des maires expriment un sentiment d'insécurité très élevé dans leur fonction, selon une enquête du Cevipof publiée ce dimanche. Cette dernière, réalisée pour l'Association des maires de France, qui ouvre son Congrès mercredi, montre également que le rythme des démissions de maires a augmenté de 30% par rapport au mandat précédent, avec plus de 1.300 abandons comptabilisés depuis 2020.

Un état de lieux plutôt sombre alors que les élus voient la violence se débrider. "La société est devenue beaucoup plus violente et on est très isolés par rapport à nos grands élus, il y a une fracture", regrette ce lundi matin sur RMC le maire de Mantes-la-Jolie (Yvelines), Raphaël Cognet.

"Je n'ai pas peur, mais..."

Insultes, menaces... 40% des maires se disent victimes de ces agressions du quotidien. Des élus de terrain, connus par la majorité de leurs administrés, et donc les premiers au contact de citoyens qui peuvent passer de la colère à la haine en quelques phrases.

"On a toujours une minorité de gens qui n'entendent pas ce que veut dire 'non', ce que veut dire 'intérêt général' ou 'autorité', et avec ces gens-là c'est très compliqué. Des fois, je me demande ce qui pourrait m'arriver pendant un rendez-vous. Je n'ai pas peur, mais je suis vigilant", précise-t-il.

"Les gens savent où nous trouver, ils savent qu'on répond. On est un point de repère, et du coup, moi et mon personnel municipal (...) on est en première ligne", illustre Raphaël Cognet.
L'invité du jour : Raphaël Cognet - 20/11
L'invité du jour : Raphaël Cognet - 20/11
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Autre illustration de cette violence, le maire de Saint-Clair, dans la Vienne, Dominique Brunet, qui refuse de témoigner à visage découvert. "Pour sa famille", nous explique-t-il, alors que les traces d'une agression sont encore visibles. "Je ne veux pas qu'ils me voient comme ça".

Vendredi dernier, il a fait signe à un automobiliste qui venait de griller un feu. "Il est revenu à ma hauteur, et quand je lui ai dit que j'étais maire, ça l'a mis en furie", explique-t-il. Résultat, un coup au visage, une plainte et beaucoup de résignation.

"Ils veulent 'se manger du maire', comme ils ne peuvent atteindre que nous..."

Si les agressions physiques sont rares, Jérémie Bréaud, maire de Bron, près de Lyon, juge que cette violence est démesurée. "Je savais que ça allait être compliqué mais pas à ce point là", souffle-t-il, alors qu'il a dû déposer une plainte en début d'année.

Placé sous protection policière pendant six mois, il a été cible de menaces et de tags le représentant décapité. "On m'attendait en bas de la mairie le soir... Mon comportement a changé. Je fais nettement plus attention à moi et à mes proches", illustre-t-il, rappelant les violences faites également aux adjoints.

Quelles solutions?

Sur RMC, le maire de Mantes-la-Jolie (Yvelines), Raphaël Cognet, précise qu'il rencontrera le président de la République et abordera le sujet de la décentralisation du pouvoir au profit des maires, qui stagne trop à son goût.

"Cela fait des mois qu'on dit qu'on va redonner du pouvoir aux maires. Je ne vois rien arriver. Ça fait des années, Emmanuel Macron n'est pas le seul responsable. On dit qu'on va redonner du pouvoir aux communes mais dans les faits, il ne se passe rien", tacle-t-il.

"M. le président, tenez vos engagements en termes de décentralisation", plaide-t-il.

Raphaël Cognet assure être inquiet pour l'avenir et pour la prochaine élection municipale de 2026: "Il y a une absence de perspective, j'ai peur qu'en 2026 ce soit encore plus difficile de réunir des équipes municipales".

J.A. et Marion Gauthier