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"Pas besoin d'une calinothérapie": des maires reçus à l'Elysée regrettent le manque de réponses

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Les quelque 300 maires reçus à l'Élysée par Emmanuel Macron ce mardi n'ont pas tous été convaincus par son discours. Plusieurs ont regretté l'absence de solutions fortes après une semaine d'émeutes.

Après une semaine de violences, à la suite de la mort du jeune Nahel, Emmanuel Macron a reçu ce mardi près de 300 maires victimes d'exactions à l'Élysée. Le président a annoncé une loi d'urgence pour accélérer la reconstruction dans les villes touchées par les émeutes. Il a aussi rappelé la nécessité de retrouver un ordre "durable". Mais le président est loin d'avoir fait l'unanimité.

Le chef de l'Etat a trop écouté et pas assez prescrit. Voilà le diagnostic du maire LR de Neuilly-sur-Marne, Zartoshte Bakhtiari. Très en colère, il est parti de la réunion avant la fin. “J’avais aussi, en venant à l’Élysée, l’attente d’avoir un cap, des solutions, une vision ou au moins des pistes. Mais aujourd’hui, on repart sans rien”, regrette-t-il.

Un point de vue que partage également le maire LR d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza.

“Ça a été un mélange de catharsis, de psychothérapie, de calinothérapie, résume-t-il dans 'Apolline Matin' sur RMC et RMC Story. À titre personnel, je n’en avais pas besoin. Moi, ce que je voulais, c’étaient trois types de réponse. Dans l’immédiat, est-ce que l’Etat va être là? Je n’ai pas eu de réponse, mais je le pense parce que le ministre de l’Intérieur était là. Après, les véhicules municipaux, la police municipale, les caméras, la cuisine centrale… Et ensuite, on parle de certaines mesures à long terme. Nous n’avons eu aucune réponse. Pendant trois heures, le chef de l’Etat a noté. C’est un séducteur, on le voit bien très intéressé. Mais moi, pour l’instant, je considère ne pas avoir eu de réponse", explique-t-il.

Un bilan prévu à la fin de l'été

Le maire PS de Trappes, Ali Rabeh, lui, n'est pas convaincu par le traitement proposé par le président d’un point de vue sécuritaire.

“Il faut traiter la fièvre avec du doliprane quand elle est là. Mais quand vous avez un pays et des quartiers polyfracturés, le doliprane ne soignera pas les fractures. Il faut bien trouver des solutions plus audacieuses qui viendront à l’échelle du pays et pas à l’échelle des quartiers populaires pour changer la donne”, assure-t-il.

Pour le maire d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, c’est bien l’autorité qui doit être la priorité.

“Si on me donnait à choisir entre des milliards avec des grands plans et se dire qu’on a les outils pratiques pour rapidement rétablir l’autorité, l’éducation, je choisis l’autorité. Même sans moyens. Il y a eu des milliards de déversés, ça a été utile, mais ça n’a pas empêché de tout piller en deux nuits”, assure-t-il.

Loi pour accélérer la reconstruction, justice plus ferme à l'égard des mineurs, régulation des réseaux sociaux... Les chantiers esquissés par Emmanuel Macron vont quand même dans le bon sens selon le maire PS de Saint-Denis, Mathieu Hanotin. “Je pense qu’il y a un temps pour tout. Là, je pense qu’on est sur le temps de l’écoute. Moi, je ne venais pas en attendant des solutions toutes faites. Sinon, ça aurait été des mauvaises solutions”, estime-t-il.

Emmanuel Macron a donné rendez-vous à la fin de l'été pour faire un bilan sur les chantiers engagés.

Hélène Terzian avec Guillaume Descours