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Plus de la moitié des Français ne veulent plus de la Ve République: "Une époque prérévolutionnaire"

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Pour la première fois, d’après un sondage, 56% des Français ne veulent plus de la Ve République. Pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, ce sondage devrait nous inquiéter.

Les révolutions, ce n’est pas seulement dans les livres d’histoire. Comme la Ve République existe depuis près de 70 ans, on pense qu’elle est éternelle. Mais la stabilité, c’est une illusion. D’ailleurs, si on est un peu attentifs, il y a plusieurs signes très inquiétants. Donc on peut le dire, on vit dans une époque un peu prérévolutionnaire.

D’abord, la situation sociale. Et ça commence sous François Hollande. Souvenez-vous. 2013, c’est la révolte des bonnets rouges en Bretagne contre l’écotaxe des poids lourds. Les manifestants sont même allés jusqu’à détruire les portiques des contrôles sur les autoroutes. Face à la virulence, l’Etat a reculé: retrait de la loi. En 2016, ça recommence. La loi travail dite El Khomri embrase le pays. Des millions de personnes manifestent. Encore des violences et des blocages.

Deux ans plus tard, la République tremble à nouveau avec les Gilets jaunes. C’est tellement chaud que la gendarmerie déploie des véhicules blindés à côté du palais de l’Elysée. Depuis, il y a eu les manifs contre la réforme des retraites et le mouvement des agriculteurs. En dix ans, le bilan est quand même assez inquiétant.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Ve République, 56% des Français veulent y mettre fin - 18/12
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Tout peut basculer en une seconde

Pourtant, la Ve République est d’une stabilité exemplaire. Mais elle est surtout exceptionnelle. Il ne faut pas s’y habituer. Une statistique: ces deux derniers siècles, la France a connu 14 régimes politiques. C’est un record en Europe sur la période. Et à chaque fois, c’est le même scénario. Le pouvoir en place ignore des signes annonciateurs évidents. Et un matin, on se réveille avec des barricades dans Paris, et tout bascule.

Prenez Charles X: à la fin des années 1820, il refuse de reconnaître le résultat des élections législatives. Il s’obstine. Il va même jusqu’à interdire la liberté de la presse. Il a beau avoir une couronne sur la tête, personne ne l’écoute plus. Paris se révolte et en quelques jours, il est obligé de fuir comme un voleur de poules pour se réfugier en Angleterre.

Au XXe siècle, quand on a changé de régime, ça s’est fait dans la paix, mais une paix très relative. La IIIe République est tombée parce qu’il y a eu la Seconde Guerre mondiale. La IVe est elle aussi tombée à cause d’un conflit qu’on n’arrivait pas à régler, c’était la guerre d’Algérie. Dans les deux cas, l’Etat n’était plus capable de remplir la première de ses missions: garantir l’ordre.

Le point commun de tous les régimes politiques, c’est qu’ils se croient éternels. Mais tout peut basculer en une seconde. D’ailleurs, ce n’est pas anodin, les méthodes de la police sont de plus en plus musclées. La hausse de la violence dans les mouvements sociaux, c’est un symptôme. Et dernière statistique: on est en train de battre le record d’instabilité de la IVe République. Si vous mettez ces faits bout à bout, la prochaine révolution, c’est pour bientôt.

Arthur Chevallier