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Plus les socialistes parlent, moins on les entend !

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Martine Aubry était dimanche l’invitée de l’émission BFM TV – RMC – Le Point, pour le vrai lancement de sa campagne à la primaire du PS. Les candidats multiplient les discours et les interviews. Pourtant, on a le sentiment que plus les socialistes parlent, moins on les entend…

Ils parlent, beaucoup, ils écrivent – des livres, des tribunes – mais ils disent tous à peu près la même chose. Et surtout, rien de très précis. Ça donne, Martine Aubry qui dit : il faut redonner confiance à la jeunesse. Hollande, qui dit : j’insiste plus que d’autres sur la jeunesse. Et Ségolène Royal, elle, dit qu’elle est attentive aux jeunes. Voilà des clivages bien tranchés ! Hier soir, c’est quand elle a été interrogée sur ses différences avec ses rivaux que Martine Aubry a passé son plus mauvais moment. Ce qu’elle a répondu ? « Je suis d’accord pour qu’on soit sérieux, mais avec de l’ambition. » Avec ça, nous voilà bien avancés !

Quelle est l’explication? Les candidats du PS n’ont aucune différence entre eux ou bien est-ce qu’ils ne veulent pas les afficher ?

Si on met à part Arnaud Montebourg, qui produit quelques idées nouvelles sur la « démondialisation », ils n’ont que très peu de points de désaccords et tout est fait pour les empêcher d’émerger. Donc les électeurs sont condamnés à ne choisir que sur un style, une image. C’est pourquoi les prétendants ont tous peur de commettre un faux pas, un lapsus. Et puis ils se disent tous qu’il faut éviter toute polémique entre eux pour pouvoir rassembler après la primaire. Résultat : les socialistes s’entendent tellement bien… qu’on les entend mal. Faute d’un vrai débat, ils ne produisent qu’un brouhaha.

Les partisans de Martine Aubry comptaient sur l’émission d’hier pour montrer que leur championne est vraiment investie dans cette campagne. Est-ce un échec?

C’est vrai qu’elle continue – quoi qu’elle en dise – à ressembler à une candidate par défaut. C’est difficile de la trouver mauvaise sur le fond, puisqu’encore une fois, elle ne dit pas grand-chose. D’ailleurs, je n’ai pas bien compris si elle était pour ou contre la sortie du nucléaire ni si elle prétend toujours revenir à la retraite à 60 ans – elle a admis que le PS s’était « mal expliqué » sur le sujet mais ce n’était pas plus clair hier soir. J’ai noté que sur les 300 000 emplois jeunes promis par le PS dans son projet, elle n’en propose plus que 100 000 la première année. C’est l’effet de la crise : les promesses sociales sont divisées par trois…

Qu’est-ce qui peut transformer la primaire en machine à gagner ?

Le débat, la confrontation des idées, des talents, de la capacité d’entraînement de chacun devant les Français – à peu près le contraire de ce à quoi on assiste. Peut-être des débats télévisés, mais pas seulement. Le vrai risque, c’est le désintérêt des électeurs pour une compétition tellement figée, stéréotypée qu’elle finisse par s’enliser. Ce que les socialistes doivent attendre de la primaire, ce n’est pas seulement un vainqueur mais un gagnant. Ce n’est pas gagné !

Ecoutez ci-dessous "Parti pris" de ce vendredi 8 juillet 2011 avec Hervé Gattégno et Jean-Jacques Bourdin :

Hervé Gattegno