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Pour Arnaud Benedetti, la France a voté à 70% à droite et ne peut avoir un gouvernement de gauche

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Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la revue "Politique et parlementaire", a indiqué ce jeudi sur RMC ne pas trouver légitime le Nouveau Front populaire à former un nouveau gouvernement, du fait que le pays ait voté davantage à droite qu'à gauche lors du second tour, en nombre de voix. De plus, il anticipe qu'une motion de censure le renverserait immédiatement.

"Le pays n’a pas voté à gauche contrairement à ce que peut bien dire Jean-Luc Mélenchon ou des responsables politiques du Nouveau Front populaire", estime ce jeudi 11 juillet sur RMC et RMC Story Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la revue "Politique et parlementaire". Au micro d'Estelle Midi, il pointe notamment, selon lui, un "paradoxe qui voudrait qu'un pays qui vote à 70% à droite se retrouve avec un gouvernement de gauche minoritaire".

Le centre, la droite... et l'extrême droite

Les "70%" de vote à droite évoqués par Arnaud Benedetti concernent cependant l'ensemble des votes du camp présidentiel (Horizons - Renaissance - Modem) et ses alliés ainsi que ceux en faveur de l'extrême droite, à savoir le Rassemblement national et ses alliés ciottistes. Il s'agit donc d'un chiffre à fortement relativiser, sachant que le camp macroniste, qui a recueilli plus de six millions de voix, ne s'est jamais considéré comme une force politique dite "de droite".

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Un gouvernement NFP menacé par une motion de censure ?

Quand bien même la majorité relative se trouve du côté du Nouveau Front populaire avec ses 178 sièges (qui fait de la coalition de gauche la première force politique de l'Assemblée), elle ne permet pas, selon Arnaud Benedetti, de former un gouvernement. Selon lui, il serait immédiatement renversé par une motion de censure.

Alors quid d'une grande coalition républicaine, appelée de ses vœux par le président Emmanuel Macron hier dans sa lettre adressée aux Français? Elle ne pourrait se faire que sans les Insoumis, n'ont eu de cesse de rappeler à la fois le chef de l'Etat, le Premier ministre Gabriel Attal et plusieurs ténors de la majorité. "Si vous sortez LFI, vous n’êtes plus dans la configuration du Nouveau Front populaire. Vous êtes dans une configuration plurielle, où la gauche n’est plus majoritaire", explique Arnaud Benedetti.

La gauche et la droite ne veulent pas de coalition avec le camp présidentiel

Une situation cependant peu probable puisque tous les cadres du NFP répètent depuis dimanche qu'aucune formation ne brisera la coalition de gauche. Olivier Faure l'a répété mercredi soir sur France 2: "J’ai fait le choix du rassemblement de la gauche depuis que je suis Premier secrétaire, et je n’en bougerai pas." Dans les Grandes Gueules ce jeudi, le député insoumis Eric Coquerel l'a également affirmé, "cela n'arrivera pas, c'est de la fiction".

Selon Arnaud Benedetti, les "leaders de gauche ne veulent pas s'engager dans cette voie car ils ont un mandat de leurs électeurs, celui de rester dans le cadre du NFP, y compris l'un des plus modérés François Hollande", souligne-t-il.

Tant bien même, dans cette configuration où l'on enlèverait par exemple les 71 sièges insoumis, le rédacteur en chef de la revue "Politique et parlementaire" voit alors le camp macroniste être en position de force pour "revendiquer" Matignon, avec ses 98 sièges, ou "LR, dans le cadre d'un accord". Pourtant, Laurent Wauquiez, fraîchement élu président du groupe de "La Droite Républicaine" a martelé mercredi qu'ils ne participeraient pas à une coalition avec le camp présidentiel.

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"C'est une situation exceptionnelle. La Ve République se retrouve dans une situation de la IVe sans ses avantages car elle avait la culture des coalitions", estime Arnaud Benedetti

"C’est un système immobile et instable, instable du fait de la composition de l’Assemblée et immobile car chacun reste dans son couloir", pointe également le journaliste. "Il y a une incapacité à conduire une coalition qui serait plurielle qui poserait un autre problème : elle devrait intégrer tout ou partie des LR, ce sera difficile de faire marcher ensemble, sur la question de l’immigration, à la fois LR, le PS et les écologistes."

Le journaliste pointe également la responsabilité du régime "semi-présidentiel" de la France, qui vient contrecarrer l'émergence de coalitions parlementaires. "Les leaders politiques ont des ambitions", conclut-il.

LM