"Pas la volonté des Français": Gérard Larcher s'opposera à un Premier ministre du Nouveau Front populaire

Il s'exprimait pour la première fois depuis la dissolution de l'Assemblée. Le président du Sénat était invité dans Face à Face sur RMC et BFMTV ce jeudi 11 juillet 2024, au lendemain de nouvelles déclarations d'Emmanuel Macron, qui s'est adressé aux Français dans une lettre, suite aux résultats des législatives anticipées. "Le président fait un constat: il n'y a pas de majorité, aucun groupe ne s'approche même de la majorité relative. Et (il) dit qu'il va falloir se donner du temps", a résumé Gérard Larcher.
Le Premier ministre, ce pourrait être lui? "Non", a répondu très clairement Gérard Larcher (Les Républicains). "Je pense que le Sénat a besoin aujourd'hui, (même si) nul n'est indispensable, de son président", a-t-il avancé, ajoutant: "Il y a sans doute beaucoup de personnalités qui ont cette qualité de rassembler, d'avoir le sens de l'Etat."
"J'ai vocation à être président du Sénat. J'ai eu la confiance il y a moins de 9 mois de mes collègues sénateurs, j'entends bien l'exercer pleinement, mais contribuer à ce que le pays retrouve une perspective."
Gérard Larcher "s'opposerait" à un Premier ministre de gauche
En tout cas, "c'est au président de la République de choisir", mais si ce dernier venait à appeler une personnalité du Nouveau Front populaire au poste de Premier ministre, "je m'opposerais et j'appellerais à censurer le gouvernement", a prévenu Gérard Larcher. Il a précisé que cela concernait tout le NFP et pas seulement La France insoumise, car les partis de gauche "se sont alliés".
"S'il faisait le choix du NFP, je m'opposerais car cela ne correspond pas à la volonté profonde des Français."
"La haine du flic, alors que les Français veulent de la sécurité, ce n'est pas possible", s'est justifié le président du Sénat, selon qui: "On ne peut pas avoir un programme avec des dizaines de milliards dépensés en plus alors que nous sommes sous surveillance budgétaire."
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Emmanuel Macron a fait "une faute"
Gérard Larcher a également estimé qu'Emmanuel Macron avait "peut-être fait une faute" avec la dissolution. "Ce n'était pas le moment et il n'y avait pas de motif. Je lui ai dit." "Il nous a mis dans le pétrin, c'est à lui de nous sortir du pétrin." Une métaphore boulangère, a-t-il expliqué, car "demain", les parlementaires et l'exécutif devront "faire le pain de la France ensemble".
Après la dissolution de la chambre basse et les législatives anticipées, "personne n'a de majorité, même relative", a insisté Gérard Larcher. "Il va falloir qu'à l'Assemblée nationale, le sens des responsabilités l'emporte."
"J'ai lu aussi dans la lettre du président de la République qu'il parlait d'esprit de redressement. J'espère que ce n'est pas l'esprit du 'en même temps', parce que c'est le 'en même temps' qui nous a conduit aujourd'hui à une forme de dislocation de la vie politique et publique", a aussi chargé Gérard Larcher.
Emmanuel Macron "a dit qu'il voulait une clarification. Je pense que cette phase de clarification ne viendra pas de lui, mais viendra du Parlement (Sénat et Assemblée)". "Heureusement d'ailleurs qu'il y a deux chambres", a souligné Gérard Larcher, se félicitant que la chambre haute, le Sénat, "incarne la stabilité institutionnelle" avec un "pouvoir constitutionnel majeur, de verrou, de contrôle, de continuité".
"Nous devrons, pour les Français, pour répondre à leurs interrogations, au Sénat, pleinement dans notre diversité, exercer nos prérogatives. Je fais confiance aux 347 sénateurs - on est 348 mais je me fais confiance - pour assumer leurs responsabilités."
"Essayons de vivre un moment de rassemblement"
"J’ai plaidé (auprès d'Emmanuel Macron) pour que nous prenions du temps, que nous enjambions la période importante où nous accueillons le monde aux Jeux olympiques et paralympiques et qu’ensuite au début du mois de septembre soit engagée la phase qui est la conséquence de ces élections", a expliqué le président du Sénat.
À la rentrée, il y aura "un acte essentiel, celui d'un dépôt d'un projet de loi de finances", a-t-il poursuivi. "Il y aura un grand rendez-vous à l'automne, celui du budget. Ce sera un moment de responsabilité pour éviter un risque majeur de banqueroute."
"Je cherche l'harmonie avec une partie de la gauche, je cherche à ce qu'on fasse avancer les dossiers", a assuré le membre de LR. Mais il a répété que "le programme du NFP n'est pas compatible avec l'intérêt de la France" car "le projet est inapplicable et ce serait une catastrophe pour l'économie", selon lui.
Pour le moment, "nous allons accueillir le monde, essayons de vivre un moment de rassemblement où on porte la France", a réclamé le deuxième personnage de l'Etat.
"On aura un premier test la semaine prochaine" avec l'élection du président ou de la présidente de l'Assemblée nationale. En effet, les 577 députés élus les 30 juin et 7 juillet derniers vont devoir désigner le président de leur chambre, qui succédera à la sortante Yaël Braun-Pivet (Renaissance), jeudi prochain.
Gérard Larcher n'aurait pas dîné avec Marine Le Pen
Gérard Larcher aurait-il, lui, dîné avec Marine Le Pen, comme l'a fait Edouard Philippe, critiqué jusque dans son camp pour cela? "Ecoutez, non", a répondu l'intéressé.
Trouve-t-il cela acceptable? "En tous les cas, je n'aurais pas été dîner avec Madame Le Pen. Pas plus que, alors que je le connais très bien car on a été élus le même jour, je n'ai envie de partager des agapes avec Jean-Luc Mélenchon", a-t-il précisé.