Pourquoi Martine Aubry n'ira pas à Matignon

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -
François Hollande en est sûr ! Or c’est lui qui a la décision entre ses mains – et son élection, avec une gauche rassemblée derrière lui, lui garantit une latitude totale. Donc ne croyez pas les gazettes qui évoquent l’hypothèse Martine Aubry. Elle n’existe pas dans l’esprit de François Hollande. Le principe, c’est qu’il doit y avoir entre le président et le Premier ministre de la confiance, de la loyauté et un lien de subordination clair. Disons-le tout net : François Hollande n’est pas sûr que ces conditions-là seraient réunies avec Martine Aubry. On sait que le nouveau président n’aime guère prendre des risques : en offrant à Martine Aubry le pouvoir de lui nuire, il en prendrait un de taille. Comme le dit un de ses amis : « Il aura bien assez à faire avec une seule Mme Merkel ! » On devine que ce n’est pas un compliment…
De quoi a-t-il peur exactement : qu’elle ne lui obéisse pas ? Qu’elle lui fasse de l’ombre ?
Surtout qu’elle lui pourrisse la vie. Ce n’est pas seulement une question de rivalité. Ils ont été concurrents, c’est vrai, puis adversaires à la primaire. La campagne a montré ensuite qu’il n’y a pas d’incompatibilité politique entre eux – plutôt des incompatibilités d’humeur. Tout le monde sait que Martine Aubry est compétente, charismatique mais aussi susceptible, cyclothymique, colérique. Elle a le caractère de feu Philippe Séguin, dont Jacques Chirac disait qu’il ne pouvait pas le nommer à Matignon parce qu’il avait peur qu’il ne le prenne plus au téléphone ! Eh bien François Hollande en dit à peu près autant de Martine Aubry. Sans compter ce qu’elle a laissé dans les placards du PS…
Et si on pouvait ouvrir ces placards, qu’est-ce qu’on y trouverait ?
Des soupçons et des rancunes. François Hollande et ses proches sont convaincus que Martine Aubry a voulu lui nuire – avec un projet socialiste très irréaliste, et avec le fameux accord électoral avec les Verts qui a gâché son début de campagne. Ils lui reprochent aussi de ne pas avoir nettoyé les fédérations du PS gangrénées par les « affaires : le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône et l’Hérault. Des cadeaux empoisonnés dont le déballage tombera toujours mal… François Hollande peut d’ailleurs y voir une forme d’injustice : Martine Aubry passe pour une cheftaine à poigne alors qu’elle s’est montrée incapable de trancher. Il n’a sûrement pas oublié que c’est elle qui l’a présenté comme l’incarnation de la « gauche molle ». Pour le lui faire payer, c’est avec elle qu’il se montrera… le plus dur.
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