Primaires PS: Heureusement que Ségolène est là !

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Oui – et pour cela au moins, il faut lui dire merci. L’entrée en lice de Martine est un non-événement, écrit d’avance le jour même de l’arrestation de DSK à New York, le 15 mai. Et du coup, la primaire est sur les rails vers une finale Aubry-Hollande. Il n’y a guère de suspense là-dessus, et comme les socialistes sont terrifiés à l’idée que la campagne interne puisse creuser les antagonismes entre les prétendants, ils hésitent même à organiser des débats entre eux. Ce sera donc une guerre de roses, mais sans les épines. Autrement dit : rien de très piquant. Sauf, donc, si Ségolène s’en mêle.
A t-elle vraiment une chance ? Elle est quand même très loin dans les sondages…
C’est un fait qu’elle est tout sauf favorite. Elle a annoncé 4 fois sa candidature sans jamais décoller. Il n’empêche qu’elle a ce que ses deux rivaux n’ont pas : de la constance et du panache. Et elle a plus d’expérience du pouvoir que Hollande et plus d’envie que Aubry. A côté de ça, c’est vrai qu’elle sent mieux les coups politiques qu’elle n’évalue le coût d’une politique. Et qu’elle n’est pas douée pour les batailles d’appareil – et il y en aura. En 2008, elle s’est fait écarter de la direction du PS par un congrès truqué – sans quoi c’est elle qui aurait aujourd’hui la légitimité du parti. Mais il lui reste son audace, sa capacité à créer l’événement : on l’a vu récemment quand elle s’est invitée d’office à la visite de Nicolas Sarkozy dans sa région. Eh bien, elle peut s’inviter aussi dans la primaire.
Il y a deux mois, on s’attendait à une campagne interne largement dominée par DSK. Est-ce que, sans lui, la primaire peut tourner à la foire d’empoigne ?
En tout cas, il faut espérer que ça bouge un peu ; qu’il y ait au moins un choc des idées. Pas pour le spectacle – encore que ça fait aussi partie de la politique – mais pour que les électeurs puissent choisir sur de vrais critères. A l’origine, tout le monde l’a oublié mais les primaires ont été conçues pour verrouiller Ségolène Royal, pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle hors le PS. C’est seulement ensuite qu’on a pensé que ce serait une rampe de lancement pour la fusée DSK. A l’arrivée, ce ne sera ni l’un ni l’autre. Il y a beaucoup de candidats mais aucun ne crève l’écran. Et il reste une inconnue, c’est : qui (et combien) seront les électeurs de la primaire : s’ils viennent voter en masse et que les non socialistes sont majoritaires, rien ne dit que les deux favoris le resteront jusqu’au bout. C’est évidemment le pari – ou disons le rêve – de Ségolène Royal.
Si elle est battue, quel rôle peut-elle jouer ?
D’abord, elle va électriser la campagne. Elle n’a plus rien à perdre. Elle était prête à s’effacer derrière DSK – ce qui montre un certain sens du devoir. Mais elle est convaincue que ni Hollande ni Aubry ne sont plus forts qu’elle. Et elle a une revanche (personnelle et politique) à prendre sur l’un et sur l’autre. Au 2è tour, son soutien peut apporter la victoire à l’un ou à l’autre. Ça la met, paradoxalement, en position de force par rapport à eux. Dans son discours de dimanche, elle a admis qu’elle avait commis « des erreurs » en 2007. Quand un politique fait son mea culpa, ça veut vraiment dire qu’il est prêt à aller jusqu’au bout.
Ecoutez « le parti pris » de ce Mardi 28 juin 2011 avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin sur RMC :