RMC

Processus d’autonomie de la Corse: "Optimisme et prudence" pour Gilles Simeoni

Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni accueille positivement la reprise des discussions avec l’Etat pour l’autonomie de l’île. Gérard Darmanin, le ministre de l’Intérieur, est en déplacement en Corse ce vendredi.

La Corse vers l’autonomie ? Les discussions ont repris ce jeudi à Paris, à la veille du déplacement sur l’île du ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin. "Il y a eu plusieurs semaines de battement, après cette visite initiale à la suite de l’assassinat dans des circonstances aussi atroces qu’inexpliquées d’Ivan Colonna. Il ne s’était plus passé grand-chose, il y avait eu les élections présidentielle et législatives. Il y avait une forte impatience, une attente en Corse, pour que ce processus puisse enfin commencer, sur de bonnes bases politiques", explique Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, dans "Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story.

"Nous avons eu quatre heures de réunion (jeudi) avec un interlocuteur ministériel qui a un mandat clair du président de la République et de la Première ministre pour aborder toutes les problématiques de l’île, y compris dans le domaine institutionnel, pour aller jusqu’à un statut d’autonomie, ajoute l’élu corse. Le mot autonomie est tout à fait sur la table. Dans les multiples réunions de travail que nous avons projeté, il y aura à chaque fois une analyse de la situation, une réflexion sur les problématiques et les solutions à apporter. Et enfin, articuler cette analyse des problèmes du quotidien à une vision prospective pour voir en quoi un statut d’autonomie pourrait améliorer la situation en Corse. Ce sont des éléments positifs. Malheureusement, ces sept années qui viennent de s’écouler, pendant lesquelles nous n’avons pas pu avoir de véritable dialogue avec l’Etat malgré notre volonté constante, ne sont pas oubliées. Donc optimisme, bien sûr, mais en même temps, prudence et détermination."

"Un statut d’autonomie impliquera certainement une révision de la Constitution"

En vue d’une éventuelle autonomie, de nombreux points seront à trancher. Par exemple dans le secteur immobilier. "La perspective d’autonomie est une aspiration historique, souligne Gilles Simeoni. Dans le domaine de la lutte contre la spéculation immobilière, qui fait de véritables ravages en Corse, qui interdit aux gens d’accéder au logement et qui interdit aux agriculteurs d’accéder à la terre, il a été démontré jusqu’à aujourd’hui que le droit commun ne permet pas d’apporter des réponses satisfaisantes. Nous voulons donc, dans le cadre d’un statut d’autonomie et nous en discuterons avec le gouvernement, pouvoir prendre l’équivalent de lois propres à la Corse qui nous permettront, notamment dans le domaine fiscal ou le domaine de l’accès à la propriété, de lutter contre la spéculation."

La reconnaissance du peuple corse va également être au cœur des débats. "Un statut d’autonomie impliquera certainement une révision de la Constitution, confirme le président de l’exécutif corse. Tout cela va se discuter et se construire. Concernant le peuple corse, son existence est une évidence. C’est une communauté historique, culturelle, linguistique. Nous avons tous les attributs d’un peuple. La question qui se pose à nous en Corse et à Paris, c’est comment faire évoluer la Constitution pour qu’elle puisse reconnaitre cette existence, qui est une évidence pour tout le monde. Tout le monde sait, y compris les plus féroces jacobins, qu’il y a plusieurs peuples. Il y a par exemple un peuple kanak, un peuple martiniquais. A l’évidence, il y a un peuple corse. Il faut essayer de trouver les voies politiques et juridiques qui permettent de reconnaitre cette évidence. Lorsqu’un peuple existe et que la Constitution ne permet pas de le reconnaitre, c’est plutôt à la Constitution d’évoluer qu’au peuple de disparaitre."

Laurent Picat Journaliste RMC Sport