Que François Hollande fasse taire sa compagne

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -
On aimerait pouvoir traiter l’incident par le mépris ; sur le fond, ce serait le bon registre. Mais dans cette affaire, il y a non seulement un problème de comportement personnel mais aussi de dignité du pouvoir. La sortie de Valérie Trierweiler a quelque chose de déplacé, de ridicule et de dégradant. Ce n’est ni plus ni moins qu’une scène de jalousie, un crêpage de chignon politico-médiatique dont nous n’avons pas, nous citoyens, a être les témoins. On a assez reproché (à juste titre) à Nicolas Sarkozy de mélanger sa vie privée avec les affaires publiques pour tolérer à nouveau. Voilà donc la première décision d’homme d’Etat qui s’impose à François Hollande : dire à sa compagne de se taire. Définitivement.
Est-ce qu’on ne peut pas soutenir que Valérie Trierweiler a le droit d’exprimer une préférence sans impliquer forcément l’Elysée ?
Qu’elle soutienne le candidat qu’elle veut passerait mieux si elle n’avait pas déjà donné 7 ou 8 interviews (plus que Carla Bruni en 5 ans) pour dire combien elle souhaite être discrète. Elle a aussi dit que l’expression « Première dame » ne lui convient pas – ça tombe bien puisqu’elle ne correspond à rien dans nos institutions ; il n’empêche qu’elle est bien présentée comme cela sur le site de l’Elysée… Surtout, elle a voulu garder son métier de journaliste et se tenir à l’écart de la politique – j’ai trouvé cette démarche légitime. A l’arrivée, c’est tout l’inverse : elle se mêle des législatives, qui plus est pour transformer l’élection de La Rochelle en mauvais vaudeville. Elle veut être à l’Elysée sans y être : au propre comme au figuré, elle ne sait plus où elle habite !
Cet incident peut avoir des conséquences politiques ?
Il en a déjà. En un tweet, Valérie Trierweiler a anéanti la moitié des efforts de communication de François Hollande sur la présidence « normale ». Les cortèges officiels s’arrêtent aux feux rouges mais à l’Elysée, on joue « Les feux de l’amour » – le prestige de la fonction n’en sort pas grandi. Un autre effet malencontreux, c’est la perte d’autorité de François Hollande : si sa propre compagne ne se sent pas tenue par son choix quand un dissident s’oppose au PS, que vaut la parole du président ? Et puis une autre conséquence inattendue : Ségolène Royal s’est montrée admirable et pathétique durant la présidentielle. En s’attaquant à elle sans aucune élégance, Valérie Trierweiler lui a certainement redonné le goût de la revanche. C’est François Hollande qui risque d’en être la victime.
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