RMC

Recadrage d'Emmanuel Macron après les propos d'Élisabeth Borne sur le RN: qu'en pense la majorité?

Le président de la République Emmanuel Macron l'a fait savoir en Conseil des ministres: il n'a pas apprécié les attaques sur le RN de la Première ministre, Élisabeth Borne ce week-end. Selon lui, il faut attaquer le parti de Marine Le Pen sur le fond. Un recadrage que certains, au sein de la majorité, voient comme une dissonance dans le couple exécutif.

En Conseil des ministres, mardi, Emmanuel Macron a fait une mise au point auprès d'Élisabeth Borne, après ses attaques ce week-end à l'égard du Rassemblement national. La Première ministre avait estimé que le parti de Marine Le Pen était "l'héritier de Pétain". Une stratégie que le Président est loin d'approuver.

Selon lui, il ne faut pas combattre l'extrême-droite par des arguments moraux. Le chef de l'Etat préfère lui décrédibiliser le RN par le fond et les incohérences. Si l'Élysée réfute une quelconque dissonance dans le duo de l'exécutif, cette question se pose: quelle stratégie pour l’exécutif face au RN?

Au sein de la majorité, la question divise. Il y a d'abord ceux qui, hors micro, apportent leur soutien plein et entier à la Première ministre. Mais officiellement, c'est le “en même temps” qui tient la corde. Pour la députée Renaissance Laure Miller, il faut rappeler l'histoire du RN.

“Le RN a un héritage qui est celui du Front national. Ils ont encore, excusez moi, la flamme de Mussolini symbole de leur parti”, indique-t-elle.

Mais pour celle qui pilote une task-force anti-RN à l'Assemblée, il faut surtout dézinguer le parti sur le fond. “On veut montrer aux Françaises et aux Français l’imposture du RN et je pense notamment aux questions sur le pouvoir d’achat, sur l’économie… Leurs propositions sont extrêmement pauvres”, juge-t-elle.

Comme un air de remaniement?

En ligne de mire, des mesures inefficaces et coûteuses, notamment sur le pouvoir d'achat explique le député Louis Margueritte. “Le RN nous bassine matin, midi et soir, qu’il suffit de baisser la taxe sur la valeur ajoutée sur les produits énergétiques et sur les produits alimentaires pour résoudre d’un coup d’un seul la question du pouvoir d’achat et de la consommation. Ça se saurait si ça marchait”, appuie-t-il.

Mais pour d'autres, le débat est suranné. Selon lui marteler le passé du RN, c'est s’empêcher de parler aux jeunes électeurs.

“Les jeunes de 25 ans ne connaissent pas cette histoire. Donc pour parler aux électeurs d’aujourd’hui attaquons nous aux idées d’aujourd’hui”, insiste-t-il.

Quant aux rumeurs de tensions dans le couple exécutif, si globalement les députés de la majorité refusent de commenter, certains y voient les prémices d’un possible remaniement.

Hélène Terzian avec Guillaume Descours