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Refus de certains candidats LREM de débattre: "C'est un manque de respect total pour les électeurs"

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Dans certaines circonscriptions, les candidats La République En Marche refusent de débattre avec leurs adversaires avant le second tour des législatives. Pour le député PS sortant de la 11e circonscription de Seine-et-Marne, Olivier Faure (PS), ces candidats ne maîtrisent pas leurs dossiers.

Olivier Faure est le député socialiste sortant de la 11e circonscription de Seine-et-Marne.

"C'est un manque de respect total pour les électeurs de ma circonscription. Ma concurrente (Amandine Rubinelli, ndlr) a refusé de faire des réunions publiques, même seule. Refus de débat. Et en même temps, elle aspire à la fonction de parlementaire. Mais un parlementaire, c'est quelqu'un qui s'expose publiquement, qui dit ce qu'il va faire. La démocratie, c'est de pouvoir être choisi pour ses propres choix, pas de les masquer et de légiférer sur des textes qui sont étrangers au corps électoral.

Je n'ai jamais vu ça: des gens qui se présentent à une fonction importante et qui refusent d'en parler et d'être confrontés à qui que ce soit et qui ont pour seul argument le fait d'avoir une photo photoshoppée avec le président de la République. Elle a dit publiquement que ce n'était pas la peine d'avoir un débat puisque nous n'étions pas d'accord.

"Elle n'a absolument aucune idée de ce qu'elle peut défendre par elle-même"

Certains maires ont demandé à ce que le débat ait lieu, elle a refusé. En réalité, c'est parce que ce sont des gens qui ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils seront à même demain d'approuver. Je pense qu'à part avoir relu le bréviaire du parfait marcheur, elle n'a absolument aucune idée de ce qu'elle peut défendre par elle-même.

C'est un manque de maîtrise totale de leurs dossiers. Ce sont des gens qui aspirent à une fonction mais qui ne la connaissent pas, qui connaissent mal le terrain. Par exemple, mon adversaire est une jeune femme qui a fait un post qu'elle a retiré parce que tout le monde s'est moqué d'elle: elle parlait des deux journaux locaux que sont Le Parisien et Le Républicain. Mais il n'y a pas Le Républicain dans la circonscription, c'est La République de Seine-et-Marne. Donc elle est candidate, et elle ne connaît même pas la presse locale. Et tout est à l'avenant. La seule chose que la presse ait réussi à lui soutirer en un mois c'est qu'elle souhaite une éducation qui marche mieux, une sécurité qui protège plus, et quand on lui demande comment, ça s'arrête là. Elle essaie de recycler ce qu'elle a compris du programme d'Emmanuel Macron.

"Le risque d'un Parlement très faible"

On a là le risque d'un Parlement très faible parce qu'on aura des gens qui n'auront rien à raconter, n'auront aucune autonomie, ni aucun jugement par rapport au gouvernement et qui seront juste des robots. Je pense que ce refus correspond au fait que l'on a des candidats qui sont des candidats un peu piochés au hasard par internet et ces gens-là aspirent à une fonction qu'ils ne sont pas du tout prêts à exercer.

Les élus, habituellement, ont commencé par être adjoint au maire, conseiller municipal, ils se sont formés en arrivant avec une expérience et des choses à dire et à apporter au pays. Là, on est face à des gens qui, à l'évidence, pensent que c'est un truc que tout le monde peut faire et qu'on verra bien, chemin faisant, si on y arrive ou pas. C'est surtout concernant pour la démocratie.

Je suis militant depuis longtemps et j'ai distribué des tracts pendant 25 ans avant d'être député, ça ne me serait jamais venu à l'esprit de briguer un mandat de député à 25 ans sans avoir rien à dire sur aucun sujet".

Propos recueillis par Paulina Benavente