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Richard Ferrand candidat au perchoir: "Comment promouvoir quelqu'un qui a notoirement abusé de ses fonctions?"

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Richard Ferrand est candidat à la présidence de l’Assemblée nationale alors qu’une information judiciaire est toujours ouverte contre lui. Une situation inadmissible pour l'association Anticor.

Après l’arrivée au gouvernement de François de Rugy au ministère de la Transition écologique, la présidence de l’Assemblée nationale est à pourvoir. Parmi les candidats au perchoir, Richard Ferrand semble favori. Il reste pourtant visé par une enquête relative à une affaire de montage financier.

Les faits datent de 2011. A l’époque, Richard Ferrand dirige les mutuelles de Bretagne et décide de louer les locaux appartenant à une société civile immobilière gérée par sa compagne. Les loyers auraient permis à cette dernière de rénover entièrement ses locaux pour un total de 184.000 euros et d’acheter en 2013 un appartement à Paris d’une valeur de 353.000 euros.

"Il n’est visiblement pas très pressé de faire reconnaître son innocence"

L’affaire a d’abord été classée sans suite par le parquet de Brest avant d’être relancée par un plainte de l’association Anticor sans que Richard Ferrand ne conteste les faits. Des faits, "qualifiables sur le plan pénal", pour Jean-Christophe Picard, président d'Anticor.

"Dans cette affaire, Richard Ferrand essaye de gagner du temps. Il n’est visiblement pas très pressé de faire reconnaître son innocence. Mais en attendant, la procédure se poursuit. Le conflit d’intérêt est avéré et critiquable puisque Monsieur Ferrand a clairement utilisé ses fonctions de directeur général des mutuelles de Bretagne pour enrichir sa compagne sans que celle-ci risque le moindre euro. Ces faits sont incontestables. Là où il y a débat aujourd'hui entre Monsieur Ferrand et nous c’est que nous, nous pensons que c’est une prise illégale d’intérêts et que les faits ne sont pas prescrits".

"On a une faculté en France à recycler les personnalités troubles"

Pourtant légalement, Richard Ferrand a le droit de se présenter à la présidence de l’Assemblée nationale. Une réalité que le président d’Anticor ne conteste pas mais qu’il trouve contradictoire avec les faits reprochés. Pour lui, la France a une capacité à recycler les personnalités politiques qui ont, ou auraient, fauté.

"On nous a dit il y a quelque temps qu’il n’était plus assez bien pour rester ministre et maintenant on va le bombarder quatrième personnage de l’Etat. On ne comprend pas très bien. (…) On a une faculté en France à recycler les personnalités troubles alors qu’il y a des talents suffisants pour renouveler les têtes et mettre des gens irréprochables. Il y a aussi la question de l’exemplarité. Quel message on va donner en promouvant quelqu'un qui a notoirement abusé de ses fonctions dans le passé".
Bourdin Direct