RMC
Politique

Sarkozy ne doute de rien... et surtout pas de lui-même

-

- - -

Nicolas Sarkozy sent bien l'élection présidentielle. Il ne doute de rien, et surtout pas de lui-même, dit Jacques Chirac dans ses Mémoires, qui sortent mardi prochain. Et hier mercredi, c’est aussi ce qu’en ont pensé les députés UMP invités à l’Elysée...

Oui, Nicolas Sarkozy va bien, merci. Il est content. Il a suffi de quelques points en plus dans les sondages, l’inversion de sa courbe de popularité, qui n’est plus à 28% mais à 30%, pour qu’il sente bien l’élection présidentielle.
C’est un président à la fois paysan et prophétique, presque christique, auquel ont eu droit les députés hier mercredi. C’était presque l’évangile selon Nicolas : « L’heure de la récolte est bientôt venue. Je suis plus cultivateur que les gens ne pensent. Je sème, je sème très profond. Le type qui passe à côté de mon champ croit que rien n’a changé, et il se trompe ».

Deux heures. Les députés ont eu droit hier à deux heures, d’un discours mi-bilan, mi-programme. Deux heures notamment pour leur expliquer qu’il parlerait moins ! « Il faut avoir une parole rare car la parole use »…
En tout cas, premier constat. Nicolas Sarkozy est content. Et il n’a pas hésité à se dresser des louanges. Sur sa politique étrangère : « Sur la Côte d'Ivoire, la France a eu tout bon ». Un bémol quand même en politique étrangère : « Sur la Tunisie, admet-il, je n’ai pas vu arriver la révolution. J’en suis le premier responsable ». Sur son remaniement : « J'ai fait le bon choix en novembre ». Sur sa réforme de la fiscalité et la suppression du bouclier fiscal et la baisse de l’ISF : une « loi équilibrée ».
Et, enfin et surtout, sur son bilan de « président du pouvoir d'achat ». Même si, a-t-il expliqué, je peux comprendre l'angoisse « des gens (qui) considèrent qu'ils n'ont jamais assez dans leur gamelle ».

Vous voulez dire que le président est peut-être trop sûr de lui ?

A sa décharge, Nicolas Sarkozy était face à ses troupes hier, à onze mois de la bataille. Il se devait donc de les rassurer, de les galvaniser, quitte à en faire trop. Hier c’était un peu coach Sarko. Un coach Sarko en pleine forme. Mais ca n’empêche pas Nicolas Sarkozy d’être lucide. Et il connaît les obstacles.
Premier obstacle, la division de la droite. Dans son viseur en ce moment, son obsession même, c’est Jean-Louis Borloo : « Les petites ambitions ne déboucheront sur rien, a-t-il dit. Il faut être rassemblés, sinon vous n'êtes plus que des timbres-poste. […] Quand il y a des convictions, je comprends. Mais on ne quitte pas sa famille politique par amertume ». Sarkozy a critiqué « ceux qui ont été ministres et qui (lui) en veulent tellement de ne plus l'être ».

Autre inquiétude du chef de l’Etat, la multiplication des débats au sein-même de sa majorité. En tout cas des débats qui ne sont pas télécommandés par l’Elysée. Les députés ont eu droit à un savon pour avoir osé lui chercher des poux sur les radars ou avoir voulu taxer les œuvres d’art dans le cadre de la réforme de l’ISF. « A un an de la présidentielle, toute initiative personnelle est retenue contre le collectif », a martelé le chef de l'Etat.

Bref, Nicolas Sarkozy ne veut plus voir de tête dépasser du peloton sauf la sienne. Fan du tour de France, il a filé la métaphore cycliste hier pour expliquer qu’il partirait en échappée, enfin je veux dire en campagne, le plus tard possible : « Il ne faut pas prendre le vent dans la plaine. J’attends la montagne. On ne donne pas le coup de pédale avant les Alpes ». Et aujourd’hui vous le savez, c’est une étape de plaine. Avec un déplacement en Charente. Sur sa route, il va croiser Ségolène Royal, sa rivale de 2007. Séquence "revival 2007"…

Ecoutez ci-dessous « Les coulisses de la politique » de ce Jeudi 9 juin 2011 avec Christophe Jakubyszyn et Jean-Jacques Bourdin :

Christophe Jakubyszyn