"Sébastien Lecornu n'est pas un mini-Macron, c'est un survivant", défend Louis Sarkozy

Tous les commentateurs politiques vous expliquent, en ce moment même, que Sébastien Lecornu serait un “mini-Macron”. C’est faux. Ils répètent qu’il n’aurait aucune indépendance. C’est une erreur de le croire. Lecornu est une véritable personnalité. Son passage aux Armées est reconnu par tous les experts, par tous les concernés. Disciple de Jean-Yves Le Drian, il a su traverser, sans céder, toutes les turbulences de ces dernières années.
Comprenez-le bien, c’est un survivant. Et il sait que, s’il veut continuer de survivre, il doit agir autrement. Il sait que dépendre du président serait une erreur. Gabriel Attal était à Matignon quand le bloc central tenait encore debout. Michel Barnier, avec l’aval du Rassemblement national, pouvait entrevoir une lueur d’espoir. François Bayrou a fait du François Bayrou — c’est-à-dire rien.
Lecornu, ce n’est pas la même chose. De ce que je sais de lui, de ce que j’ai pu apprendre lorsque nous parlions, sous le regard intransigeant de Madame Mère au ministère des armées, j’ai étonnamment, plus d’espoir aujourd’hui que mardi matin.
Un nombre de défis immenses
Quelles sont seulement ces chances de réussir? Elles sont fines, maigres et petites. La France a connu quatre Premiers ministres en un an. Quatre gouvernements. La menace d’une nouvelle dissolution plane déjà, et l’ombre de la précédente, désastreuse, hante encore la République. Pas de budget. Pas de cap. Pas d’unité parlementaire. Encore moins d’unité nationale. Un président au plus bas, battant tous les records d’impopularité. Et partout, mille et une affaires, mille et un dossiers, mille et une plaies ouvertes qui rongent la nation: l’immigration, l’impôt, la santé, la fonction publique, la menace russe, le désengagement américain. Aucune marge. Plus d’échappatoire. L’épée de Damoclès lui glisse déjà sur la peau. Voilà, le décor qui attend, ce matin, Sébastien Lecornu en franchissant les portes de Matignon.
"Je cherche en vain la colonne vertébrale du Parti socialiste"
Une nomination mal accueillie par le PS. Je cherche en vain la colonne vertébrale du Parti socialiste. Quand il s’agit de faire alliance avec un parti antisémite et sectaire pour sauver un siège, les socialistes y vont de bonne foi. Mais participer à un gouvernement de centre droit, dirigé par un homme de talent et de modération, quand la France va si mal ? Hors de question.
Si la décrépitude de ce parti moribond n’était pas déjà évidente, elle l’est aujourd’hui. Je n’attends rien d’eux, sinon l’opportunisme et la mollesse, l’impôt et l’immigration. Ils n’ont même pas le courage de la radicalité. Ils sont l’incarnation politique du purgatoire: un ventre mou, un entre-deux, un effondrement au ralenti.
"Si nous persistons dans cette dégringolade, ce n’est qu’une question de temps"
Si les socialistes ne le soutiennent pas, les jours de Monsieur Lecornu sont comptés. Espérons seulement qu’il n’entraîne pas notre régime dans sa chute.
Car en France, le précipice n’est jamais loin. Les troubles ne se cantonnent pas au passé. Ceux qui sont les nôtres aujourd’hui sont d’une gravité extrême, d’un danger extrême. Qui sait quand tombera la dernière goutte? Si nous persistons dans cette dégringolade, ce n’est qu’une question de temps.
Si je devais m’adresser à Sébastien Lecornu, je lui citerai Churchill, après sa nomination en mai 1940. La France venait de tomber. Les nazis triomphaient partout. La Grande-Bretagne était seule. “Je ressentis un profond soulagement. J’avais enfin l’autorité nécessaire pour donner une direction à l’ensemble de la scène. J’avais le sentiment de marcher avec le destin, et que toute ma vie passée n’avait été qu’une préparation à cette heure et à cette épreuve". Que les mots de l’auguste Winston guident notre Premier ministre dans cette heure sombre.