"Tant qu'on n'a rien, on reste là": autour de Paris, les agriculteurs s'organisent et mettent la pression

Des dizaines de tracteurs alignés dans la nuit sur les voies de l'autoroute A1. Le "siège de Paris" se poursuit. La plupart des agriculteurs dorment malgré le bruit des avions qui décollent, ici au niveau de l'aire de Chennevières, dans le Val-d'Oise. Une poignée d'entre eux est réveillée ce mardi matin.
Des villages sur l'autoroute
Tout est bien organisé. Ils ont apporté du café, des sacs de couchages, des groupes électrogènes. C'est un véritable campement que ces agriculteurs en colère ont installé ici. Preuve qu'ils sont prêts à rester et à bloquer cette autoroute A1 plusieurs jours. Un axe très fréquenté en Île-de-France.
Ici, on pense déjà à la suite, d'autres départements rejoindront le blocage dans les prochains jours, à commencer par la Somme. Les exploitants agricoles de cette dernière devraient arriver tout à l'heure à bord de leurs tracteurs. Tout ça, assurent-ils, dans le calme et la sécurité.
Sur l'autoroute A13, à l'ouest de Paris, à hauteur de Mantes-la-Ville. D'autres agriculteurs, ceux des Yvelines, ont également installé un campement et n'ont pas vraiment l'intention de lever le camp,
Au milieu de la centaine de tracteurs à l'arrêt sur les six voies, c'est presqu'un petit village qui s'est installé. "Un agriculteur a ramené une baraque à frites", décrit Cécile, assise dans son tracteur, duvet sur les cuisses.
"lls ont aussi installé des toilettes. Ils ont coupé des palettes pour qu'on puisse passer facilement d'un côté à l'autre de l'autoroute", détaille cette agricultrice.
Gaël, lui, a même prévu une remorque et un petit matelas pour passer plusieurs nuits ici: "Là on siège. On n'est pas là pour quelques heures. C'est sommaire mais c'est bien."
"Ce n'est pas nous qui maîtrisons la deadline, c'est le gouvernement. Mais aujourd'hui, tant qu'on n'a rien, on reste là", ajoute-il.
Le gouvernement surveillé de près
L'objectif est de faire pression, comme ils disent, tant qu'ils n'auront pas obtenu satisfaction. Ces agriculteurs suivront évidemment avec attention les annonces gouvernementales prévues ce mardi, sans même croire qu'elles seront "à la hauteur" confie un céréalier.
Alors tous vont évidemment suivre les annonces du gouvernement tout à l'heure. Mais l'espoir n'est pas très grand. "J'espère qu'il y aura des choses de concrètes. S'il nous faisait un peu de recul sur tout ce qui est transposition des normes européennes en normes franco-françaises, c'est des choses qui peuvent bouger rapidement", espère Thomas. Jérôme est, lui, agriculteur dans l'Eure et ne s'attend pas à un énorme changement:
"On sait que l'on est fin janvier, que Noël est passé, donc il ne faut pas s'attendre au miracle."
Personne n'a donc prévu de lever le camp. Même si cette stratégie de blocage d'accès routiers commence à agacer certains impatients, comme Thomas: "Il faut qu'il y ait un peu plus de bouchons pour que le gouvernement bouge un peu plus. On attend que ça de monter à Paris pour faire un mouvement de masse."
À défaut d'aller tout de suite sur Paris, ils doivent recevoir dans la journée le renfort d'agriculteurs venus d'autres départements pour amplifier leur blocage.