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Taxe d'habitation supprimée pour 4 Français sur 5: "Macron va étouffer les collectivités locales"

Mairie d'Orléans (photo d'illustration).

Mairie d'Orléans (photo d'illustration). - Guillaume Souvant - AFP

Sur RMC et BFMTV, Emmanuel Macron s'est engagé à exonérer de taxe d'habitation de 80% des foyers qui la paient. Le candidat à la présidentielle promet que l'État compensera le manque à gagner pour les communes. Sur RMC.fr, André Laignel, maire (PS) d'Issoudun (Indre) et premier vice-président de l'Association des maires de France (AMF) ne croit pas à cette promesse.

André Laignel, est le maire (PS) d'Issoudun (Indre) et président de la communauté de communes du Pays d’Issoudun (CCPI). Il est également premier vice-président de l'Association des maires de France (AMF), dont il préside le Comité des finances locales.

"C'est une très mauvaise idée. La taxe d'habitation est effectivement un impôt injuste, mais décider que 80% (des ménages) ne participent plus à l'effort fiscal dans les collectivités territoriales, c'est un recul de la citoyenneté. Sous le mandat de Nicolas Sarkozy, on a déjà supprimé la taxe professionnelle, qui était le principal impôt évolutif et dynamique des collectivités territoriales. Si maintenant on supprime l'impôt qui permet d'alimenter les communes, ça veut dire qu'il n'y aura plus de liberté fiscale pour nos communes.

C'est sans doute contradictoire avec le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales. S'il n'y a plus de libre administration, ça pose de graves difficultés par rapport à la démocratie.

"L'Etat ne tient jamais ses engagements en matière de compensation"

Emmanuel Macron s'engage à ce que cette mesure ne coûte rien aux collectivités locales et soit prise en charge par l'État. Alors, comme d'habitude, la première année, ce sera effectivement compensé à l'euro près. Sauf qu'ensuite, les sommes versées vont être gelées, voire baissées. L'État, quel que soient les gouvernements, n'a jamais tenu ses engagements en ce domaine. C'est donc une mesure qui sera très négative pour les communes, les seules qui perçoivent la taxe d'habitation.

Et puis la taxe d'habitation, c'est un impôt évolutif, qui bouge en moyenne de 2 à 3% par an parce qu'il y a des constructions nouvelles, des modernisations dans les logements, des habitants supplémentaires dans la commune. Je suis persuadé que dès la deuxième année, vous n'aurez plus aucune évolution des compensations de l'État et il n'est pas exclu qu'au bout de 2 ou 3 ans il y ait même une baisse de cette compensation.

"Macron va affaiblir le service public"

Emmanuel Macron ne se contente pas seulement de supprimer la taxe d'habitation, il annonce aussi une baisse de 10 milliards d'euros (sur cinq ans) des dépenses des collectivités locales et veut la suppression de dizaines de milliers d'emplois (70.000) dans les communes et intercommunalités. Si on nous supprime 10 milliards de dotations, si on nous supprime le principal impôt permettant aux communes de faire face aux attentes de nos concitoyens, et si on nous oblige à supprimer des emplois - c’est-à-dire affaiblir le service public -, ça veut dire que c'est un véritable étouffement des communes et des collectivités territoriales qui est au cœur du projet de M. Macron".

Propos recueillis par Philippe Gril