TVA sociale: Quelle mouche a piqué Nicolas Sarkozy ?

Christophe Jakubyszyn. - -
Il n'y a pas que les Français qui s'interrogent sur cette soudaine initiative. La même qui avait été évoquée par Jean-Louis Borloo et François Fillon en Mai 2007 et qui avait coûté pas loin d'une cinquantaine de députés à l'UMP avant d'être finalement retirée. En Janvier 2012, non seulement l'idée ressort du chapeau, mais elle va surtout être mise en oeuvre immédiatement: "la TVA sociale pour créer de l'emploi en France et pour éviter que des produits importés soient vendus chez nous à bas coût, nous allons la faire ! Et nous allons la faire avant les élections présidentielles" a dit la ministre du Budget, Valérie Pécresse. Selon nos informations, le texte va être voté avant la fin du mois de Février mais la hausse de TVA serait programmée pour le 1er Juillet... Après l'élection présidentielle.
Une décision inédite en période électorale
C'est le président de la République qui a pris cette décision, à la stupéfaction de ses ministres. La quasi-totalité du gouvernement se demande ce que fait le chef de l'Etat. Cela fait en effet une dizaine de jours qu'ils ont compris que Nicolas Sarkozy veut accélérer le rythme. Avant Noël, le sujet commence à être abordé et pendant les vacances, les réunions d'arbitrage se sont multipliées. Le président l'évoque dans ses voeux et a donné hier le signal de départ.
Polémique à l'UMP
C'est peu dire qu'ils sont nombreux à être contre. A commencer par le premier ministre François Fillon. Même chose pour Xavier Bertrand qui n'a cessé d'expliquer depuis des mois que la TVA était une mesure impopulaire parce qu'elle pèse evidemment sur le pouvoir d'achat. Et puis ce matin, l'ancien ministre, très libéral, Alain Madelin assassine la TVA sociale dans Les Echos: "après avoir voulu être le président de la hausse du pouvoir d'achat, Nicolas Sarkozy se ferait le candidat de la diminution du pouvoir d'achat". Alain Madelin qui se demande aussi quel argument on va trouver pour les fonctionnaires, les retraités et les chômeurs car oui: eux aussi vont payer plus de TVA. Difficile d'expliquer que la baisse des charges va servir à la baisse du coût des produits fabriqués en France
Une baisse des cotisations sociales pour réduire le cout du travail
C'est l'argument de Nicolas Sarkozy. Le problème c'est que la baisse des charges ne se verra pratiquement pas alors que la hausse de 4% de votre caddie au supermarché vous allez la remarquer. "Une augmentation de la TVA augmenterait immédiate du volume des prix alors qu'on a pas immédiatement une répercussion et une diminution du montant des charges sociales. Donc en période de reprise, que nous souhaitons consolider moi je ne souhaite pas sur le plan économique une augmentation des prix à la consommation qui soit un résultat direct de l'augmentation de la TVA." expliquait en Février dernier Christine Lagarde encore ministre de l'économie.
Un bon coup pour Hollande
Entre ceux qui pensent que Nicolas Sarkozy est dans une logique jusqu'au-boutiste presque suicidaire et ceux qui préparent déjà 2017, on ne sait plus très bien si la droite croit encore vraiment aujourd'hui à la réélection de Nicolas Sarkozy. Pour François Hollande c'est cadeau: le candidat socialiste qui tente tant bien que mal de se relancer vient de trouver du grain à moudre. Il ne s'en est pas privé hier soir sur le plateau du 20h de France 2: "je ne veux pas que les Français soient affligés de 3 ou 4 points de TVA qu'on appellera sociale parce qu'il y aura une baisse de cotisations, non pas des salariés mais des employeurs".
Écoutez la chronique de Christophe Jakubyszyn, "Les coulisses de la politique" du Mercredi 4 Janvier à 7h20.